Notre assureur nous a contactés au bout de dix jours pour nous proposer un rendez-vous. Il nous a certifié que la compagnie prendrait en charge tous les frais liés à l'accident et aux obsèques, mais a précisé que nous devions collationner toutes les factures. C'était compréhensible. C'est ce que nous avons fait, toujours, je le rappelle, dans un état somnambulique.
Lorsque nous avons présenté les factures, on nous a fait remarquer que nous avions fait passer deux avis de décès dans la presse, l'un à Strasbourg, où nous habitons, l'autre à Rouffach, où notre gamin travaillait. « Vous comprenez, 450 euros… » Nous avons commencé à nous demander ce qui se passait.
Me Hincker a évoqué le procès. Je me souviens parfaitement de ce qui s'est dit alors. J'ai dit tout à l'heure que le représentant de la compagnie d'assurance avait eu un comportement ignoble : voici pourquoi. Nous avons été obligés – parce qu'on nous a tué un gamin ! – d'acheter un caveau de quatre places à La Ciotat. Nous avions le choix entre l'incinération, la fosse commune et ce trou bétonné dans la terre, de deux mètres sur un mètre, dans lequel on peut mettre quatre cercueils. Nous n'y sommes pour rien ! Cela coûtait 4 200 euros. En plein procès, l'assureur nous dit : « Je vous paie une place, 1 000 euros ; pour le reste, vous essayez d'escroquer l'assurance : vous vous êtes mis d'accord avec vos beaux-parents pour leur payer leur future sépulture ! »
C'était inacceptable. Voilà pourquoi nous sommes allés au conflit. Et nous avons été indemnisés, mais en partie seulement : l'assureur nous a payé une place, les trois autres sont à notre charge. J'ai les moyens ; je le répète, d'autres ne les ont pas.
Nous sommes des victimes indirectes, des victimes par ricochet. Aujourd'hui, la somme maximale versée par les assureurs aux victimes indirectes, pour préjudice moral et solde de tout compte, est de 25 000 euros. Mesdames et messieurs les députés, dans notre pays, mieux vaut avoir un problème avec le Crédit lyonnais que perdre un enfant !