Je vais vous raconter de manière très factuelle ce qui est arrivé.
L'accident est survenu à 16 heures 45. À 22 heures, nous avons été prévenus, non par la gendarmerie, mais par l'employeur de notre fils. Je ne fais pas le procès de la gendarmerie française, mais les gendarmes ne nous ont jamais informés d'un accident qui avait eu lieu à quatre-vingt-quinze kilomètres de chez nous, alors que nous sommes dans l'annuaire et que nous sommes bien connus à Strasbourg.
Nous avons alors appelé l'hôpital de Colmar, distant de soixante-dix kilomètres. Nous n'avons pu être renseignés immédiatement. Puis l'on nous a dit que l'on ne pouvait nous répondre par téléphone : nous devions nous rendre aux urgences de l'hôpital. Nous y sommes arrivés vers 23 heures. C'était une nuit froide d'octobre. Nous nous présentons à l'accueil ; tout le monde s'en va, tout le monde nous fuit.
Arrive un interne qui venait de prendre son service ; il nous conduit dans une salle nue – une table, deux chaises – et nous dit : « J'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer. Votre enfant est décédé. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il n'a pas souffert. Je viens de prendre mon service : je ne peux pas vous donner d'autres renseignements. » Une infirmière arrive, lui demande quelque chose ; il sort pour lui répondre ; nous devons aller le chercher.
Nous étions déjà assommés. Mon épouse a eu une crise ; il lui a proposé des médicaments, qu'elle a refusés. Il allait partir ; nous avons demandé à voir le corps. « Attendez, il faut le préparer. » Nous avons attendu là, dans cette salle nue, environ un quart d'heure. Quelqu'un – un infirmier – est venu nous chercher. Nous sommes montés au premier étage. On nous a fait entrer dans une salle rectangulaire : une chaise, une table, et un corps. Et vous, vous êtes là.
Au bout d'un quart d'heure, on vient voir si vous êtes toujours là. Puis, de nouveau, au bout d'une demi-heure. Alors vous partez. Nous sommes sortis par une petite porte ; nous sommes rentrés chez nous.
Avant que nous ne partions, on nous avait dit qu'il faudrait déclarer le décès le lendemain.
Voilà les faits.
Vous l'avez dit, madame : on se croit assuré, mais rien n'est prévu. Notre mutuelle nous a indemnisés quelques semaines plus tard. Notre situation était particulière, car, comme je vous l'ai dit, nous avons enterré le gamin à La Ciotat. Mais le montant de nos débours, demandé par notre assureur, était de 18 000 euros. Comme il a commencé à chicaner sur les détails, nous n'avons pu nous mettre d'accord avec lui. Nous avons été indemnisés pour partie trois ans plus tard. Il se trouve que nous avions les moyens d'avancer ces sommes ; je me mets à la place de ceux qui ne les ont pas.
Je ne fais pas non plus le procès des assurances, mais je constate que l'assureur est informé assez rapidement des circonstances de l'accident par le système Trans-PV. Il peut donc savoir rapidement qui est responsable et évaluer la responsabilité de son client.