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Intervention de Vincent Julé Parade

Réunion du 2 septembre 2011 à 9h00
Mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière

Vincent Julé Parade, vice-président de l'association « Victimes et citoyens contre l'insécurité routière :

Notre association oeuvre à la fois pour l'aide aux victimes et pour la prévention des accidents de la route.

Le coût économique des accidents a été fort bien analysé par des intervenants beaucoup plus compétents que moi. J'ajoute toutefois que lorsqu'un jeune de vingt ou vingt-cinq ans meurt sur la route ou s'y trouve grièvement blessé, cela réduit brutalement à néant les espoirs que la société tout entière plaçait en lui et l'investissement concret que ces espoirs avaient favorisé et que la société avait consenti. Un haut gradé de l'armée a ainsi souligné devant nous le coût de l'accident qui frappe un futur pilote de chasse, dont la formation est extrêmement onéreuse. Cet aspect du coût des accidents est rarement évoqué.

Quant au coût social, j'ai beaucoup apprécié la conclusion de Mme Hours : les accidents de la route sont un facteur aggravant de l'inégalité. De fait, il ressort de notre travail quotidien avec les victimes une inégalité flagrante face aux accidents, qu'il s'agisse de l'accueil immédiat, de l'accompagnement auquel les victimes ont droit ou de leur avenir. Ainsi, la répercussion sociale d'un accident diffère selon que l'on appartient ou non à une famille favorisée. Face à une tétraplégie, à un handicap particulièrement lourd, des parents défavorisés ne pourront réagir de manière appropriée, ne serait-ce que du point de vue relationnel.

Revenons à l'assistance immédiate, évoquée par Mme Fritz et par M. Freani. Nous le constatons, nous qui accueillons vingt-quatre heures sur vingt-quatre des victimes d'accidents de la route : si, quant à la lettre, la France a su se doter d'une charte d'accueil des victimes en milieu hospitalier, sur le terrain, ce texte n'est pas appliqué – faute de moyens, bien souvent, plutôt que par mauvaise volonté. Combien de parents, parmi ceux que nous accueillons, sont reçus aux urgences, entre deux distributeurs de boissons, par un interne débordé ? Les personnels soignants ne sont pas en cause, mais bien plutôt, je le répète, le manque de moyens.

De même, le décès est le plus souvent annoncé à la famille à domicile par les représentants de l'ordre public, lesquels repartent rapidement parce qu'ils considèrent que leur mission est accomplie et parce qu'ils ne savent comment réagir aux effets de leur démarche. Il faut donc mieux former les services de police et de gendarmerie, ainsi que les personnels soignants urgentistes.

En outre, l'accident jette bien souvent les familles dans les dédales d'un système judiciaire qu'elles ignoraient jusqu'alors totalement. C'est l'un des intérêts du guide que nous proposons. Parce que votre enfant a été victime d'un accident grave, vous découvrez soudain la différence entre l'action pénale et l'action civile, sans bien comprendre d'ailleurs pourquoi vous êtes parfois devant le juge civil, parfois devant le juge pénal. Autre question : est-on tenu de faire appel à l'accompagnement juridique proposé par son assureur ? Voilà un point sur lequel les familles sont souvent mal informées. Or, elles ont le droit de savoir qu'elles sont autorisées à recourir à une expertise indépendante.

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