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Intervention de Bernard Tissot

Réunion du 28 juin 2011 à 16h30
Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques

Bernard Tissot, président honoraire de la CNE :

Je ne vais pas vous faire une conférence sur le sujet mais simplement le replacer dans une perspective historique. La première fois que l'on s'est préoccupé de choix en matière d'énergie, c'était pour assurer la sécurité d'approvisionnement de la France, dans les années 70, après les limitations sur les exportations de pétrole en provenance des pays du Moyen-Orient. L'ambition d'assurer l'indépendance énergétique de la France était un peu une enfant du programme militaire. Elle a conduit à un programme ambitieux de construction de centrales à partir de la fin des années 70 qui s'est prolongé jusqu'au début des années 2000, avec la construction des derniers réacteurs. Aujourd'hui, pour la première fois, le grand public commence à s'interroger sur la prospective énergétique. Auparavant, l'opposition frontale entre opposants et partisans du nucléaire restait assez simple à analyser.

A présent, la question apparaît plus complexe, certains groupements d'intérêts présentant des solutions comme nouvelles et susceptibles de résoudre tous les problèmes d'énergie, alors qu'elles étaient déjà connues, mais présentent de fortes incertitudes, par exemple, aux Etats-Unis, les gaz de schistes, objets de centaines, si ce n'est de milliers de procédures en justice intentées par les propriétaires des terrains. De même, en Allemagne, certains prétendent assurer la quasi-totalité de la production d'électricité avec le photovoltaïque. L'Allemagne s'avère pourtant, sur ce plan, moins bien placée que la Grèce, l'Espagne ou l'Italie. Il en est de même avec l'éolien, initialement extrêmement populaire au Danemark. La plupart des éoliennes françaises proviennent d'ailleurs du Danemark ou d'Allemagne, seul le mât en béton étant fabriqué en France. Il serait aisé de trouver d'autres exemples de sources d'énergie miraculeuses, comme les terrains glacés de Sibérie ou du nord Canada, où se trouve piégé du méthane. Mais personne ne connaît l'épaisseur des couches en cause, ni les techniques permettant d'exploiter ces gisements. Il en est de même pour le méthane sous-marin.

Face à cette situation nouvelle et complexe, comme l'a indiqué Jean-Claude Duplessy, la CNE pourrait utilement mettre à profit la présence, en son sein, de Jean Baechler, président de l'Académie des sciences morales et politiques. Par ailleurs, les problèmes de coûts doivent également être pris en compte. En définitive, il faut veiller à étudier ces problèmes en n'omettant aucun argument, qu'ils soient publics ou au contraire cachés, comme c'est parfois le cas, par exemple pour le solaire et l'éolien. La clarté du débat public est à ce prix, la décision revenant finalement aux citoyens.

C'est une situation indiscutablement plus difficile à gérer que la précédente qui se réduisait à une opposition entre deux camps et où les décisions étaient prises après la réalisation d'études.

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