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Intervention de Maurice Leroy

Réunion du 28 juin 2011 à 16h30
Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques

Maurice Leroy, vice-président de la Commission nationale d'évaluation, président de la Fédération française pour les sciences de la chimie, FFC, professeur émérite à l'Université de Strasbourg :

Je dois tout d'abord signaler que l'ensemble des études sur la séparation-transmutation sont conduites en relation avec celles menées pour la conception du prototype Astrid. Or, la poursuite des études sur la transmutation est largement handicapée, en France, par l'absence d'un réacteur à neutrons rapides.

La faisabilité scientifique et technique de la séparation des divers actinides est maintenant démontrée. Le prototype de réacteur à neutrons rapides, Astrid, à condition d'être associé à un pilote de retraitement, permettra d'établir la faisabilité industrielle du multirecyclage du plutonium.

Il faut souligner que la faisabilité industrielle du multirecyclage du plutonium conditionne le développement d'un parc de réacteurs à neutrons rapides (RNR).

Différents procédés de séparation ont été conçus et expérimentés par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) sur des solutions réelles d'actinides, ce qui fait que la France est sans doute le pays le plus avancé dans ce domaine.

La transmutation des actinides est envisageable, avec un parc de RNR électrogènes ou avec des réacteurs RNR sous-critiques pilotés par accélérateur (ADS), encore à l'étude.

A terme, vers 2150, en condition d'équilibre, on peut distinguer trois hypothèses de parcs permettant de produire 430 TWh électriques par an : un parc de réacteurs à eau pressurisée (REP) ayant accumulé historiquement 1 900 tonnes de plutonium ; un parc REP-MOX ayant accumulé seulement 1 300 tonnes de plutonium ; et un parc RNR utilisant 900 tonnes de plutonium par an intégralement recyclé, avec une consommation de 50 tonnes d'uranium appauvri, ainsi que de 2 tonnes d'actinides mineurs. Dans ce dernier cas, il n'y a plus besoin de la ressource minière, puisque le stock d'uranium appauvri en tient lieu.

Deux critères sont intéressants à étudier pour évaluer l'intérêt d'une transmutation préalable au stockage des déchets :

• la radiotoxicité des déchets ;

• l'emprise du stockage.

Sauf à éliminer la totalité des actinides (plutonium compris), le gain sur la radiotoxicité reste modeste. En revanche, si l'on enlève l'américium des déchets, l'emprise du stockage est sensiblement diminuée, et les volumes excavés fortement réduits eu égard à sa moindre émissivité thermique.

En conclusion, la séparation-transmutation n'a de sens qu'appliquée d'abord au plutonium, qui représente (90 % des actinides), avec la mise en oeuvre de RNR électrogènes.

La séparation-transmutation des actinides mineurs est scientifiquement possible. Il sera néanmoins absolument nécessaire de disposer d'Astrid, pour valider les résultats scientifiques.

Enfin, le programme scientifique, dont Astrid sera l'outil principal, devra comporter un volet important de recherche, notamment sur la sûreté. L'effort de recherche doit être soutenu si l'on veut que la France conserve son avance dans le domaine de la transmutation des actinides à l'aide des RNR.

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