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Intervention de Chantal Perrichon

Réunion du 12 juillet 2011 à 14h00
Mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière

Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière :

Il y a un progrès !

S'agissant, madame Hostalier, de la pédagogie, notre association est une fédération nationale composée d'associations départementales dont les adhérents qui le souhaitent se rendent dans les écoles pour expliquer la dangerosité de la route. Nous veillons cependant à ne pas tout faire peser sur les épaules de l'enfant en lui demandant à lui seul de faire attention. La rue en effet n'est plus faite pour les piétons, mais pour les voitures, et c'est pourquoi nous demandons une meilleure répartition des responsabilités. L'école est toutefois importante, car c'est un socle à partir duquel on va pouvoir faire passer des messages afin qu'en grandissant, les enfants comprennent mieux pourquoi certaines mesures sont prises.

Pour ce qui est des campagnes de communication, celles que les pays anglo-saxons ont produites pendant longtemps étaient extrêmement violentes. À notre tour, dix ou quinze ans après, nous nous sommes lancés dans de telles campagnes qui choquent. Pour autant, nous ne changerons pas un comportement uniquement par l'émotion. Cela laisse une trace, mais quand il conduira, l'automobiliste ne pensera pas à la campagne de communication. C'est pour cela que celles qui sont lancées doivent être pédagogiques en expliquant pourquoi certaines mesures sont prises.

Concernant les deux roues auxquels vous avez fait allusion, nous demandons que des contrôles soient réalisés de temps en temps dans les établissements scolaires, car, dès qu'ils achètent un cyclomoteur, la première chose que font les jeunes c'est de commander des kits de débridage – hier en Belgique, aujourd'hui sur Internet. Non seulement ils apprennent ainsi à contourner la loi, mais ils se mettent en danger, avec une mortalité effrayante. Nous souhaitons même qu'une charte soit signée par les parents par laquelle ils s'engagent, avec l'enfant, à ce que le cyclomoteur ne soit pas débridé. Il devrait d'ailleurs en aller de même pour le permis de conduire qui devrait s'appeler « engagement à conduire » – les mots sont très importants.

Pour ce qui est de la signalétique, monsieur Trassy-Paillogues, nous estimons que, plutôt que de dépenser 8 millions d'euros pour l'installation des nouveaux radars pédagogiques, il aurait suffi de déplacer ceux existants de façon aléatoire. L'argent ainsi économisé aurait alors permis d'installer des radars dans les villes ou à leurs abords.

Il conviendrait d'ailleurs que les commissions départementales de la sécurité routière, qui se réunissent fréquemment, soient l'occasion de vérifier la légitimité des limitations de vitesse, car si elles ne sont pas compréhensibles, les gens ne pourront pas les accepter.

Quant au côté anxiogène qu'il y aurait à conduire avec la peur de perdre son permis, qu'il me soit permis de rappeler que 75 % des conducteurs ont douze points et que 90 % en ont entre dix et douze. Que je sache, nous ne fréquentons pas que des gens anxieux ! À cet égard, on nous parle souvent du permis blanc. Mais la France est le seul pays à utiliser cette formule. Lorsque quelqu'un a perdu ses points, l'entreprise peut très bien l'affecter à une autre tâche pendant le délai de six mois au terme duquel il pourra obtenir un nouveau permis.

Pour prendre l'exemple de la SAAQ, une compagnie d'assurance du Québec, les primes sont fonction du nombre de points retirés, car ses dirigeants sont arrivés à la conclusion que le degré de dangerosité d'un conducteur était corrélé au nombre de points perdus – la prime est multipliée par 4 après que les conducteurs ont perdu une première fois leur permis. On parle toujours ici de répression. Au Québec, cette mesure dissuasive a été prise, qui donne d'excellents résultats, pour faire en sorte que les comportements se modifient. S'il y a anxiété, cela concerne quel pourcentage de la population et pour combien de vies sauvées ?

Nous ne sommes pas une association de familles de victimes. Lorsque ces femmes ont créé la Ligue, la charte d'accueil des familles de victimes de la violence routière l'a souligné dès les premières lignes : nous accueillons les familles et les orientons vers des professionnels. Nous sommes dans la prévention. L'anxiété à cet égard de ceux qui ont perdu quelqu'un ne devrait pas être oubliée. Nous ne sommes pas ici en effet que pour parler de chiffres. Ce soir, des familles vont traverser un drame, et c'est pour cela que nous sommes aussi réunis, et non pas seulement pour fantasmer sur des données selon lesquelles la vitesse, par exemple, pourrait ne pas tuer. Nous sommes dans du concret et nous voulons des mesures concrètes qui nous permettront de gagner la bataille de la vie sur la route, parce que nous y croyons.

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