Ma question s'adresse au ministre du travail.
Monsieur le ministre, jusqu'où irez-vous dans la régression sociale et les mauvais coups portés aux salariés ? (Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Ce matin, contre l'avis des syndicats et avec l'appui du MEDEF, vous venez d'annoncer pour les générations nées à partir de 1955 l'allongement de la durée de cotisation à 41,5 ans pour obtenir une retraite à taux plein. Cette décision intervient quelques jours seulement après l'entrée en vigueur de la loi repoussant l'âge légal de départ à la retraite et la disparition d'un acquis social historique : la retraite à soixante ans.
Les Français vont devoir cotiser trois mois de plus – 166 trimestres – et attendre quatre mois supplémentaires après soixante ans pour pouvoir partir à la retraite. Les salariés les plus modestes, les femmes, les jeunes vont payer au prix fort le cumul de ces deux mesures injustes.
Lors de la présentation de votre réforme en juin 2010, le Gouvernement évoquait un passage à 41,5 ans de la durée de cotisation, mais à l'horizon 2020. Vous avez donc trompé les Français. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Ce n'est pas la première fois : vous avez déjà menti sur l'allocation équivalent retraite pour les 30 000 demandeurs d'emploi de moins de soixante ans qui ont suffisamment cotisé mais n'ont pas atteint l'âge légal ; vous vous étiez engagé à reconduire ce dispositif, vous l'avez supprimé. Vous avez également menti sur la pénibilité au travail, en publiant un décret d'application restrictif, qui concernera très peu de salariés ; ceux qui ont une incapacité physique entre 10 et 20 % devront prouver devant une commission qu'ils ont été exposés à des risques professionnels pendant dix-sept ans… un véritable parcours du combattant.
Le Président de la République nous a expliqué qu'avec sa réforme le problème des retraites était réglé. En fait, rien n'est réglé, la réforme est injuste, financée à 92 % par les salariés. Elle n'est pas viable, et vous annoncez déjà un nouveau train de mesures dès 2013.
Si la gauche l'emporte l'an prochain, nous reviendrons sur toutes ces injustices ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Alors, monsieur le ministre, ma question est simple : sur les retraites, quand allez-vous cesser d'abuser les Français ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)