Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous avons écouté avec beaucoup d'intérêt le développement, en trois parties, de l'auteur de cette motion.
Tout d'abord, monsieur Blisko, vous êtes parti de prémisses justes. Vous avez constaté que les usurpations d'identité étaient extrêmement douloureuses pour les victimes. Vous avez également constaté que, compte tenu de notre mode de vie, elles tendaient à se multiplier.
Ensuite, vous êtes passé à un raisonnement assez curieux, qui conduirait à rendre le moins efficace possible un dispositif destiné à remédier à un problème que vous jugiez pourtant très grave.
J'en donne deux exemples. Vous pensez qu'il est bon de créer une carte d'identité sécurisée mais, dans le même temps, vous refusez un fichier central. Le fichier central est pourtant le seul outil qui permette de sécuriser la carte d'identité. Voilà qui est un peu curieux ! En outre, vous privilégiez le lien faible par rapport au lien fort. Or, M. le rapporteur l'a justement montré, le lien faible multiplie par 100 le nombre de personnes ayant la même identité alphanumérique, et donc la lourdeur des procédures et la gêne subie par les 99 personnes sur lesquelles on enquêtera, à tort, pour trouver l'usurpateur.
Enfin, de manière un peu pavlovienne, pardonnez-moi, vous avez invoqué deux mythologies habituelles de la gauche.
Premièrement, vous avez cité Orwell. Je vous rappelle tout de même, cher collègue Blisko, qu'Orwell décrivait une société très précise, la société stalinienne, et il le faisait parce que c'était un ancien communiste. Le fichage, c'est effectivement très dangereux sous un régime de dictature, mais le fait de pouvoir protéger les honnêtes gens dans une démocratie, c'est quand même beaucoup moins dangereux. Vous devriez faire la distinction.
Deuxièmement, comme d'habitude, « le fichier, c'est Vichy ! » Soit, mais le problème est qu'aujourd'hui ce sont les plus grandes démocraties d'Europe, la Scandinavie, notamment la Suède et la Finlande, qui l'ont adopté, tout simplement parce qu'elles n'ont pas subi le régime de Vichy. Ne faites donc pas payer aux victimes d'aujourd'hui le prix de ce que les coupables d'hier ont fait subir aux victimes d'hier ! Ce n'est pas parce qu'il y a eu hier une dictature à Vichy qu'il ne faut pas protéger aujourd'hui les honnêtes gens.
Vous êtes finalement parvenu à une conclusion assez fausse : s'il y a des victimes, eh bien oui, vous le déplorez, mais au fond, vous préférez la liberté des coupables potentiels à la protection des victimes réelles ! C'est une habitude de la gauche : les victimes vous intéressent peu. Nous le savons, et nous avons pu le vérifier une fois de plus. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)