Je constate malheureusement que le thème des actions civilo-militaires revient régulièrement dans nos débats sans que j'observe de réel progrès sur le volet promotion de nos intérêts économiques. Nous faisons toujours le même constat : nous nous investissons militairement mais sur le plan économique, nous ne retirons jamais les dividendes de notre action, contrairement à nos partenaires. Nous avons raté des opportunités au Kosovo et en Afghanistan. Il en sera certainement de même en Libye. Il ne s'agit pas d'un modèle anglo-saxon puisque les Allemands sont très présents économiquement même si leurs forces n'interviennent pas. Nous disposons pourtant des organisations adéquates, à commencer par les groupements professionnels ou les chambres de commerce et d'industrie : elles sont parfaitement armées pour promouvoir nos intérêts économiques. Pourquoi avons-nous si peur du risque, contrairement à nos partenaires ? Nous ne pouvons pas continuer sur cette voie. Il faut une impulsion politique forte pour changer de cap !
Nos compétences sont mondialement reconnues dans le domaine de l'eau, de la gestion des déchets… Mais nos entreprises ne sont pas présentes sur ces nouveaux marchés. Le rapporteur évoquait les domaines sociaux et culturels : il est crucial que nous soyons présents sur ces secteurs car ils constituent un préalable indispensable à une coopération future. Sans eux, nous nous fermons définitivement des portes. À Djibouti, le maintien de l'hôpital Bouffard contribue par exemple au rayonnement de la France mais aussi à l'exportation d'un certain modèle de santé. Il participe directement à la valorisation et la défense de nos intérêts dans la zone.
Le rapport de nos collègues est très positif et marque une nouvelle étape dans la prise de conscience. Je regrette simplement que depuis 15 ans nous n'ayons pas mieux travaillé sur ce thème quand tous nos partenaires progressaient. L'Union européenne elle-même a avancé, même si elle ne retire pas toujours le bénéfice de ses efforts.
Nos opérations extérieures sont financées pour partie grâce à la réserve interministérielle de précaution. Il me semblerait logique que l'activité économique permise par notre engagement militaire contribue à renflouer cette ligne budgétaire. Ce serait une sorte de retour sur investissement parfaitement compréhensible.
Nous pouvons progresser facilement dans ce domaine sans renier nos valeurs ni nos modes d'action militaires ou économiques. Quoi qu'il en soit, nous devons rapidement changer la donne actuelle.