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Intervention de Thomas de Maizière

Réunion du 6 juillet 2011 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Thomas de Maizière, ministre de la défense de la République fédérale d'Allemagne :

Nous avons effectivement une tradition différente de la vôtre, liée notamment au rôle de l'Allemagne pendant la guerre froide. Pour être très franc je dirai que jusqu'en 1990, il était très confortable de ne pas se voir demander de participer aux opérations internationales. Et cette situation était tout aussi confortable pour nos voisins européens et pour les Américains ! Mais il faut désormais s'habituer au fait que l'Allemagne est devenue adulte. Cela ne va pas de soi, et d'aucuns en Allemagne sont tentés de suivre encore le vieux réflexe : laisser agir les autres pour ensuite leur reprocher ce qu'ils ont fait ou non. Mais certaines interventions sont en train de faire évoluer les choses ; l'issue de l'intervention en Afghanistan sera d'ailleurs déterminante au regard du niveau d'acceptation de notre engagement par la population. Sur ce sujet, nous avons les mêmes positions que vous : conclure ensemble, le plus tôt possible mais sans précipitation, avec des objectifs ordonnés mais moins ambitieux qu'il y a dix ans.

Il y a un thème plus nouveau en Allemagne qui rejoint votre notion de paix juste : les interventions humanitaires. Pour les organisations de défense des droits de l'Homme, dans les années 1970 et 1980, l'intervention de soldats n'était rien moins que diabolique. Aujourd'hui, elles sont les premières à supplier qu'on envoie des soldats pour mettre fin à des violations des droits de l'Homme. Ce sont les commandements militaires qui appellent à la réflexion et avertissent des conséquences à long terme. Ainsi le débat sur la Libye est très différent de ce qu'il aurait été il y a dix ans. J'ai lancé une discussion afin de faire comprendre que la place de l'Allemagne et sa prospérité entraînent une responsabilité même lorsque les intérêts allemands ne sont pas directement en jeu. Ils le sont indirectement lorsqu'il s'agit d'assumer des responsabilités internationales. Les Français en sont conscients depuis longtemps, mais aussi les Polonais ou les Canadiens par exemple. Cette notion de responsabilité internationale progresse lentement dans notre pays. Pour bien faire passer le message, il faut trouver des champs d'application, ce qui n'est pas toujours simple.

Quant aux personnels civils, ils ont une place conséquente depuis les années 1950. Le chancelier Adenauer a voulu une composante administrative civile importante au sein de la Bundeswehr afin que les effectifs militaires ne soient pas trop élevés. C'était compréhensible à l'époque et c'était aussi l'intérêt de la France. Aujourd'hui, ces gens font exactement la même chose que vos militaires : travail de bureau, logistique… Uniforme ou non, cela ne change rien sauf que la directive européenne sur le temps de travail n'autorise pas les personnels civils à travailler autant que les militaires ! Par ailleurs, il existe une tendance à l'externalisation depuis 2001, pour la maintenance par exemple. On a confié, dans le cadre de partenariats public-privé, l'habillement, les véhicules non militaires ou la maintenance informatique à des entreprises privées, dans l'espoir de faire des économies. Cela n'a pas été le cas. Il n'est même pas sûr que le travail soit devenu plus efficace. Plutôt que de faire des privatisations un enjeu idéologique, essayons d'être pragmatiques : l'externalisation est-elle avantageuse ou non ? Soyons prudents et examinons les chiffres avec beaucoup de rigueur.

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