C'est une question très délicate, d'abord parce que je ne suis pas là pour porter des jugements sur la responsabilité de tel ou tel. Je crois sincèrement, sans vouloir me dérober, que la responsabilité est collective.
Il est absurde de construire des véhicules qui roulent à 220 ou 250 kmh, mais cette situation évolue car, aujourd'hui, les constructeurs automobiles, indépendamment de leurs obligations en matière de publicité, accentuent leur communication sur l'aspect confortable et convivial des véhicules, et sur leur capacité à protéger la vie. Par ailleurs, ils ont désormais l'obligation de proposer, y compris sur les modèles peu coûteux, des limitateurs de vitesse. Construire des véhicules qui roulent à 250 kmh n'a plus aucun sens, étant entendu qu'une voiture doit pouvoir aller jusqu'à 180 km pour pouvoir accélérer au cas où la situation l'exigerait.
J'en viens à la gouvernance. Un signal fort serait de dédier à la sécurité routière une administration, pourquoi pas un secrétariat d'État ? Dans le contexte très difficile que nous connaissons, alors qu'un certain nombre de choses ont été fragilisées, voire détruites, il faudra du temps pour rétablir la confiance entre les Français et les gouvernants. Cette confiance devra être incarnée soit par un délégué interministériel dépendant directement de Matignon, soit par un secrétaire d'État, en tout cas par une structure forte, administrativement cohérente et disposant d'un budget de communication. Car la sécurité routière, si elle est liée aux infrastructures, qu'elles soient régionales ou nationales, est surtout une affaire de communication. La communication peut représenter des sommes très élevées, mais s'il y a un domaine dans lequel elle peut faire avancer les choses, c'est bien celui de la sécurité. La création d'une telle structure serait le symbole d'une réelle volonté politique.