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Intervention de Jean-Jacques Candelier

Réunion du 29 juin 2011 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Candelier :

Jeudi dernier, le Président de la République a annoncé le retrait progressif de nos troupes d'Afghanistan. Il est regrettable que cette décision ne soit pas intervenue auparavant. Les forces afghanes sont-elles en mesure d'assurer leurs nouvelles tâches ? Certains médias indiquent que les insurgés gagnent du terrain, est-ce vrai ? Comment s'articule le dialogue avec les Talibans dits modérés ? Et qu'en est-il du double jeu pakistanais ? Par ailleurs, pouvez-vous nous indiquer le nombre de civils libyens victimes de ce conflit, ainsi que les pertes de l'OTAN ?

Amiral Édouard Guillaud. Nous comptons actuellement 60 bases de défense ; 51 d'entre elles sont situées en métropole. Il conviendra de dresser un bilan de leur fonctionnement en 2013 ou 2014 afin de déterminer s'il est nécessaire d'en diminuer encore le nombre. La qualité du service rendu et le moral des personnels doivent être au coeur de la décision. Les organisations syndicales ont soulevé la question des personnels « poly-restructurés ». On constate aujourd'hui que dans les bases de défense les plus anciennes, avec deux ans et demi d'existence, le taux de satisfaction est assez élevé. Il est plus mitigé dans celles datant de seulement un an et demi. Il est encore moindre dans les plus récentes. Si les perceptions sont contrastées, la tendance globale est très positive. L'idéal n'est pas encore atteint mais l'ensemble avance, de manière certes différenciée, y compris aux yeux des personnels civils et des organisations syndicales.

La presse française, se montre toujours défaitiste sur ce qui se passe en Afghanistan. Si l'ANA se montre capable de remplir ses missions, si elle tient sa place comme elle le fait en Surobi et commence à le faire en Kapisa, il n'y a aucune raison de ne pas la laisser jouer pleinement son rôle.

Les traditions hiérarchiques dans les forces nationales de sécurité afghane sont différentes des nôtres mais les Afghans sont capables d'assumer leurs fonctions. L'expérience acquise permettra d'affiner le niveau du volume final de ces forces, pour combiner efficacité et autonomie. La discussion avec les Talibans est inévitable : ils sont chez eux. Le dialogue reste néanmoins difficile à établir avec le réseau Haqqani. Une partie de la solution est au Pakistan, État certes en difficulté mais qui détient l'arme nucléaire ; le pays est à la fois une partie du problème et de sa solution.

Avant d'évoquer les pertes civiles en Libye, il nous faut admettre notre candeur face à la manipulation de l'information dans laquelle Kadhafi est passé maître. Nous sommes même d'une naïveté quasi coupable. Je citerai un exemple criant de manipulation : nous avons des photos d'un immeuble identifié comme un quartier général militaire. Le lendemain, la même photo circule mais un jardin d'enfants est installé sur le toit. On déplore peu de pertes civiles libyennes. De fait, beaucoup d'objectifs n'ont pas été frappés parce que nous avions de forts soupçons concernant la présence de civils à proximité. M. Kadhafi a déployé des canons sans recul dans l'hôpital de Misrata ; nous n'avons jamais frappé cet objectif. L'OTAN n'a enregistré aucune perte. Elle a connu deux déboires : une panne de moteur sur un F15 dont l'équipage a pu être récupéré et la perte d'un drone venant d'un navire américain. Ce drone a ensuite été présenté par M. Kadhafi comme un hélicoptère d'attaque…

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