Le travail que nous avons accompli a permis aux uns et aux autres de comprendre comment les choses fonctionnement et d'en faire la synthèse. L'objectif du rapport est de mesurer l'ampleur et la nature de la fraude et de proposer des mesures de nature à l'éradiquer, au moins à la réduire de manière significative.
Sur tous ces aspects, nous sommes profondément d'accord. Personne ne peut justifier la fraude. Mais le rapport ne nous satisfait pas pleinement, car il traduit un déséquilibre entre le constat et les préconisations formulées.
Au-delà de son importance financière, la fraude aux prélèvements est d'autant plus dommageable qu'elle porte atteinte à la fois aux ressources de la protection sociale et aux droits des salariés, puisque les personnes concernées perdent leurs droits.
Si je n'ai aucune hésitation sur la nécessité de lutter contre la fraude, celle-ci ne saurait justifier cependant la stigmatisation de qui que ce soit et l'atteinte aux libertés individuelles. Je tiens à rappeler ici une évidence, que je n'ai pas trouvée dans les commentaires de la presse : dans leur immense majorité, nos concitoyens sont des personnes honnêtes. Ainsi, la préconisation concernant les arrêts de travail me choque beaucoup, car toutes les études montrent que les arrêts de travail ont une raison. Je ne nie pas qu'il existe des abus, mais n'oublions pas que le nombre des suicides liés aux conditions de travail est en forte croissance. Nous devons être raisonnables, et respectueux de l'ensemble des salariés.
Au-delà de ce déséquilibre, certaines propositions nous paraissent démesurées, par exemple la carte Vitale sécurisée dont le coût est extrêmement élevé – d'autant qu'il serait supporté par les municipalités – par rapport aux économies attendues.
Le rapport souffre aussi de certains manques. La fraude de certains établissements de santé n'est pas traitée à la hauteur de ce qu'elle représente financièrement, et la sous-déclaration des accidents du travail et des maladies professionnelles, qui constitue un manque à gagner considérable, n'y est pas abordée.
Il est indiscutable que la lutte contre la fraude doit être améliorée. Les outils existent, mais la sécurité sociale souffre d'un manque de moyens – les diverses auditions l'ont confirmé –, tout comme la justice qui ne peut prononcer les condamnations nécessaires. La révision générale des politiques publiques (RGPP) ne facilite pas la lutte contre la fraude.
Le groupe des députés communistes s'abstiendra de voter pour la publication de ce rapport, moins parce que nous contestons les préconisations formulées qu'à cause du déséquilibre qu'il traduit entre la fraude aux prestations et la fraude aux prélèvements.