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Intervention de Marc Giroud

Réunion du 22 juin 2011 à 14h00
Mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière

Marc Giroud, président de SAMU-Urgences de France :

La personne qui se tue est celle qui est la plus apte, qui vous bat au tennis, au golf ou au football, autrement dit l'homme jeune. Celui-là est le plus dangereux, non seulement pour lui-même, mais encore pour tout le monde.

Certes, des conflits de circulation impliquant des véhicules un peu lents conduits par des personnes âgées se produisent de temps en temps, mais nous voyons surtout des morts jeunes – les vieux, eux, sont fauchés sur le trottoir, et généralement par des véhicules conduits par des personnes jeunes !

Par conséquent, une piste importante en matière d'aptitude physique est de faire comprendre aux jeunes qu'être fort – capable de réussir toutes sortes de tests, d'être « au top » dans le domaine sportif – met en confiance, pousse à rouler vite et à s'affranchir des règles, sachant que certains estiment, surtout dans notre pays, que les règles sont pour les autres. Il est très frappant de constater l'incompréhension de la population à l'égard de ce phénomène.

En effet, quand nous annonçons le décès d'une personne à sa famille, il est très étonnant d'entendre : « On ne comprend pas… ». Et pourtant, en parlant plus avant, nous apprenons que la victime avait antérieurement frôlé à plusieurs reprises l'accident grave. Curieusement, quand nous annonçons la mort d'une personne de cinquante ans victime d'un infarctus du myocarde, les proches et la famille trouvent toutes les explications du monde : « Elle travaillait trop ! », nous dit-on.

Ainsi, l'accident de la route est incompréhensible pour les gens : ils ne sont pas prêts à comprendre qu'il n'est pas la fatalité et que le comportement du conducteur en est la cause principale.

Certes, le dépistage des troubles de la vision latérale et des déficits auditifs fait partie des pistes, mais il ne faut pas s'y tromper : ce sont les comportements à risque qui sont extrêmement dangereux. Cela rejoint votre question sur les suicides, monsieur Myard : certains comportements frisent l'inconscience et l'on ne sait pas où est la limite entre l'inconscience et la prise de risque à la « roulette russe » !

La loi HPST est un facteur de progrès à deux titres.

D'abord, elle introduit le principe de proximité, avec un maillage territorial le plus serré possible des antennes du SAMU. Il est en effet indispensable que le territoire national soit couvert puisque les accidents surviennent souvent sur des routes reculées.

Ensuite, elle prévoit le réseau de prise en charge. De ce fait, elle favorise la prise en charge des personnes gravement accidentées, non pas à l'hôpital le plus proche – méthode nord-américaine dont les résultats sont assez mauvais –, mais directement à l'endroit le plus approprié. Nous encourageons les élus que vous êtes à aller encore plus loin en ce sens. La réponse de proximité n'a d'intérêt que pour les pathologies relativement modérées. Un accidenté de la route doit être orienté, selon les lésions qu'il porte, après une première analyse médicale, vers le service ou l'équipe qui sera à même de le prendre en charge.

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