C'est une vraie question. Sans doute y a-t-il plus d'accidents-suicides qu'on ne le pense, mais cela est difficile à prouver.
Dans ce registre, le mélange des causes est courant. Il n'est pas exclu que les personnes répertoriées « suicide » y aient été poussées. Le sujet est très délicat. Si la personne avait avec elle des médicaments, la cause – le suicide – peut sembler évidente au premier abord. Mais il y a peut-être eu – avant ce temps-là – d'autres temps qui ont conduit au suicide. De la même manière, il y a peut-être quelque chose qui a précédé le temps de l'accident.
Selon moi, il n'y a pas assez d'autopsies des victimes en France. Il n'y a pas non plus assez d'études sur ce qui s'est passé avant le drame, comme pour les accidents dans l'aéronautique où des enquêtes sont menées sur l'état psychologique du pilote. Si notre pays faisait plus en faveur de l'analyse des causes des accidents de la route, on apprendrait probablement beaucoup.
En tout cas, pour ce qui nous concerne, nous sommes peu enclins à formuler des réponses intuitives aux questions posées. François Braun vous l'a dit : nous faisons des études, qui doivent être longuement travaillées de façon multicentrique, sur des bases rationnelles, avec des méthodologies très strictes. SAMU-Urgences de France et la Société française de médecine d'urgence, avec laquelle nous travaillons sur les études scientifiques, sont très ouverts aux impulsions que vous pourriez donner pour nous permettre de participer à des études multicentriques sur des thématiques comme celle que vous évoquez, car le domaine de l'accidentologie routière mériterait qu'on en fasse davantage.