C'est parce que je vous tends le miroir, afin que vous puissiez vous y voir. J'entends bien, monsieur Chartier, que vous finissez par vous faire peur, et vous prenez conscience de la cruauté de la politique que vous soutenez fidèlement.
De quel droit voulez-vous conditionner l'octroi du RSA à un travail d'intérêt général non rémunéré ? Dois-je vous rappeler, monsieur le ministre, que l'esclavage a été aboli en 1848 ! À l'inverse, lorsqu'il s'agit des puissants, vous n'avez pas hésité à sauver les banques en leur prêtant vingt milliards d'euros. Aujourd'hui, les banques spéculent sur les dettes souveraines des États membres de l'Union européenne et mettent à genoux les peuples d'Europe. Vous n'avez pas hésité non plus à accorder une aide de trois milliards d'euros à PSA lorsque son carnet de commandes a fortement diminué. Aujourd'hui, PSA, après avoir donné – paraît-il – des garanties à vous et à M. Besson, vient de refuser de s'engager pour maintenir le site d'Aulnay.
Autre exemple de l'injustice de votre politique : lors des débats sur la réforme de l'ISF, un amendement que j'avais déposé, et Mme Brunel avait déposé le même, visait à faire débuter l'assujettissement à l'ISF à partir de un million d'euros. M. le rapporteur général a osé nous répondre : « Ce serait vraiment mesquin de conserver une première tranche pour des contribuables obligés de faire une déclaration pour payer 300 euros d'impôts » ! Il faut avoir un sacré culot pour dire des choses pareilles.
En revanche, monsieur le rapporteur général, vous n'avez pas hésité une seconde à rétablir un abattement de 300 euros par enfant à charge pour les assujettis à l'ISF. Ces millionnaires auraient les moyens de rouler en Ferrari ou en Porsche, mais pas de payer 300 euros d'impôts en plus ! On comprend maintenant pourquoi votre compère Charles Amédée de Courson les qualifiait dernièrement de « pauvres riches ». Ce coup de pouce, cette mesure que vous avez qualifiée de justice familiale, vous n'avez eu aucun état d'âme pour l'accorder à vos amis, mais cela vous arrache le coeur de le faire pour les familles qui subissent les gênes de votre politique et les privations.
Écoutez bien, mes chers collègues, de l'argent il y en a, beaucoup même ! Le Conseil des prélèvements obligatoires, dans un rapport d'octobre 2010, a évalué à 66 milliards d'euros le coût des niches sociales bénéficiant aux entreprises. À côté de cette somme, les huit milliards consacrés au RSA, qui permettent à plus d'un million de foyers de vivre, paraissent dérisoires.
Vous voulez nous faire croire qu'il n'y a pas d'argent pour le financer, mais la réalité est que vous ne voulez pas toucher au pactole de vos amis. Et pourtant, il est urgent d'aller le chercher. Et je crois pouvoir dire que lorsque la gauche reviendra au pouvoir, l'année prochaine j'espère, nous serons de ceux qui pousseront pour aller chercher cet argent qui dort dans les coffres-forts, ou plutôt qui fructifie sur les marchés. M. Lamour connaît de tels cas dans sa circonscription.