Oui, oui, « ce n'est pas le sujet ». On s'en sort comme on peut ! J'apprécie toujours votre habileté à vous maintenir en équilibre sur le fil de funambule où vous excellez sans cesse.
Jaurès, donc, disait que « toute réforme ne vaut que comme degré vers le but suprême ». Je suis sûr que vous êtes d'accord avec cela, monsieur le ministre. Et le but suprême que vous poursuivez est pervers. La preuve en est vos réformes marquées du sceau de l'inégalité !
Le projet de loi de finances rectificative pour 2011 en est la preuve criante. La suppression du bouclier fiscal, qui va rapporter, seulement dans deux ans, 700 millions d'euros, n'est qu'une manoeuvre médiatiquement habile pour redonner, sous la table 1,8 milliard d'euros aux plus riches ! Je le répète parce que nos discours, ici, n'ont qu'une utilité : percer le mur du silence, pas seulement pour ceux qui sont dans les tribunes, mais aussi pour ceux qui nous regardent sur internet et ailleurs. Et les journalistes n'ont pas compris, lors du dernier débat, la façon dont cela se déroule.
Alors, pour la vingt-troisième fois, monsieur le ministre : est-il vrai que Mamie Liliane va toucher le jackpot, et que grâce à l'application immédiate de la réforme de l'ISF, plus la suppression du bouclier fiscal différée de deux ans, elle ne paiera que 10 millions d'impôts en 2012 au lieu de 40 millions cette année ? Allez-vous répondre à ma vingt-troisième interpellation, ou par votre silence, allez-vous confirmer combien vous êtes loyal et dévoué à cette vieille Mamie qui devrait vous être bien reconnaissante ?
Mes chers collègues, Nicolas Sarkozy et son Gouvernement, confits dans le dogme libéral, ont entrepris une démolition minutieuse et systématique de nos services publics. Au nom de la nouvelle religion d'État, l'exclusion du déficit, le Gouvernement s'arroge tous les droits pour mener sa politique de casse et de classe.
Ceux qui souffrent de la disparition de nos services publics, ce sont non pas les nantis, auxquels vous obéissez au doigt et à l'oeil, mais bien les petites gens et les classes moyennes qui utilisent tous les jours les services collectifs.
Cessez de prendre les Français pour des imbéciles ! Ils se rendent compte que le contrat social, base de notre société démocratique, est quotidiennement bafoué par la majorité actuelle. Ils s'en rendent compte quand les classes de leurs enfants ferment ou quand il n'y a personne pour remplacer un professeur malade. Ils s'en aperçoivent lorsqu'il n'y a pas de lit disponible dans les hôpitaux pour les accueillir ou lorsque des services hospitaliers ferment. Ils le subissent lorsque pour déposer une plainte, le tribunal le plus proche est à une heure de route, ou lorsqu'il n'y a plus de bureau de poste dans leur village.
Vous violez sciemment les fondamentaux mêmes de la République en menant une politique en faveur des privilégiés. Le 4 août 1789, les constituants ont abrogé les privilèges. Voilà qu'en quatre ans de régime sarkozyste, sa Majesté a réussi à en instaurer de nouveaux ! Monsieur Chartier ne dit plus rien, parce qu'il sait bien que c'est vrai, et qu'il a du mal à assumer ses votes.