Le rapporteur général a égrené les lignes du budget un peu comme les vieilles bigotes égrènent leur chapelet. Mais, à la fin, on n'est pas du tout plus avancé qu'au début.
Vous nous avez assurés de la réussite totale du plan de relance. On se demande ce qui serait arrivé en cas d'échec. Enfin, tout va bien.
Heureusement, à propos de la Grèce, le président de la commission des finances s'est montré beaucoup plus précis que vous en évoquant un prêt. Vous savez bien, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur général, que vous aidez non pas la Grèce mais ses créanciers : les banquiers français, allemands et suisses, sans oublier les marchands d'armes allemands et français. En envoyant quelques milliards au gouvernement grec, vous permettez surtout aux banquiers et aux marchands d'armes de rentrer dans leurs sous, mais vous n'aidez pas du tout le peuple grec que vous contribuez au contraire à plumer.
Nous devons ici dresser le bilan de l'exercice budgétaire de l'année 2010. Ce bilan, le neuvième d'une période toute UMP depuis 2002, le quatrième d'un gouvernement tout sarkozyste, nous offre un bien triste spectacle. C'est celui d'une France livrée en pâture aux diktats des financiers, des marchés comme vous dites, celui d'une France asservie par l'intérêt de quelques privilégiés, celui d'une France aux services publics amputés.
Monsieur le ministre, tout à l'heure, vous vous vantiez du nombre d'emplois supprimés. Je ne sais pas si votre emploi du temps vous laisse quelques loisirs, mais je sais que, de temps en temps, vous rentrez à Troyes. Je vous recommande de ne pas prendre l'autoroute. Parce que quand vous prenez l'autoroute, vous voyez certes les péages, mais vous ne voyez pas la France profonde, là où, aujourd'hui, dans le moindre village, flottent au vent des banderoles qui protestent contre les fermetures de classes. Quel est le collègue de l'UMP qui oserait dire le contraire ? La preuve, c'est que même le Président de la République, de façon complètement hypocrite, a décidé de geler les fermetures de postes d'enseignants jusqu'à l'élection présidentielle. Et il faudrait que les Français soient bien jobards pour croire à la réalité de cette promesse dès lors que l'échéance sera dépassée, si, par malheur pour nous, le Président de la République était réélu.
La France dont nous parlons, nous, c'est la France des salariés et retraités méprisés. C'est la France à l'égalité et à la fraternité constamment bafouées par vos politiques. On croirait assister, peu à peu, à une métamorphose de notre République française en oligarchie. Eh oui, monsieur Jean-François Lamour ! Vous qui êtes un spécialiste du sabre, vous avez probablement recommandé à Nicolas Sarkozy de sabrer les finances publiques. La différence est que votre sabre vous a permis de remporter une médaille pour la France, alors que celui du Président de la République est en train de faire sombrer notre pays.
Non content de saper les fondements de la société française, votre gouvernement nous accable d'un déficit historique. Il est définitivement chiffré, pour l'année 2010, à 148 milliards d'euros, alors qu'il devait être de 117,4 milliards selon la loi de finances initiale. Triste record ! Monsieur le ministre, vous avez voulu être bref et synthétique – certainement pour ne pas nous accabler de discours –, et vous en avez oublié l'essentiel, qui est que vous n'avez pas réduit mais aggravé le déficit.
Le rapporteur général du budget, qui est un élu de la banlieue parisienne, où l'on sait ce que parler veut dire et où l'on connaît le sens des mots, n'a pas parlé de déficit. Il a parlé de « dégradation du solde structurel ». Allez donc voir Mme Michu à la sortie de la boulangerie, par exemple à Troyes, monsieur le ministre, et demandez-lui ce qu'est la « dégradation du solde structurel ». Si vous lui demandez si le pain est bien cuit ou pas, elle saura vous répondre. Mais je suis sûr que, dans le cas d'espèce, le langage du rapporteur général est complètement abscons. Et d'ailleurs, c'est son but : surtout, ne pas faire comprendre la réalité de la politique du Gouvernement, mais continuer l'enfumage.
Il ne faut pas faire mystère sur l'origine de la dette. La dette n'est pas tant un problème de dépenses qu'un problème de ressources. Elle est la résultante de votre politique de cadeaux faits aux plus fortunés. À cet égard, monsieur le ministre, je vous reposerai tout à l'heure la question que je vous ai posée à vingt-deux reprises.