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Intervention de Gérald-Brice Viret

Réunion du 8 juin 2011 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Gérald-Brice Viret, directeur délégué du pôle TV de NRJ Group :

NRJ 12 est un acteur indépendant, un nouvel entrant sur la TNT depuis 2005 et isolé puisque nous ne disposons que d'une seule chaîne. L'arrivée des nouveaux entrants en 2005 n'a pas bouleversé l'économie des chaînes généralistes historiques, et nous pensons également qu'il y a encore de la place pour des chaînes thématiques. Nous avons nous-mêmes deux projets, une chaîne de patrimoine dénommée « Nostalgie HD » et une chaîne destinée aux femmes, « Chérie HD ». Nous considérons nécessaire de renforcer les nouveaux entrants dans le contexte de la télévision connectée.

La télévision telle que nous la voyons comporte à la fois une chaîne linéaire, la télévision de rattrapage – qui constitue déjà pour certaines émissions près de 10 % d'audience supplémentaire – et une dimension communautaire qui signifie notamment qu'internet peut amener des téléspectateurs devant la télévision. On a déjà constaté en effet que des milliers de téléspectateurs peuvent échanger entre eux sur les réseaux sociaux à propos de certaines émissions. Nous pensons donc que la production peut être en interaction avec internet.

Les chaînes classiques contribuent totalement au financement de la production française : si nous sommes menacés, la production française le sera également à terme et c'est pourquoi le législateur doit intervenir. Contrairement à ce qu'on peut entendre ou lire, les nouveaux entrants investissent dans la production – NRJ 12 a investi près de 45 millions d'euros depuis sa création et nous sommes les premiers producteurs de documentaires sur la TNT.

La télévision connectée est une menace pour nous si n'importe quel acteur peut proposer des programmes sans contraintes d'horaires de diffusion ni obligations de production. Notre économie serait mise en péril et nous arrêterions de financer la production française. Mais il s'agit certainement d'une opportunité car la télévision était partie sur internet depuis quelques années et la télévision connectée a pour effet de mettre internet sur le téléviseur. Comment faire pour que cette nouvelle attractivité du téléviseur profite à la télévision et à la création audiovisuelle, telle est la question. La réponse passe par la protection des acteurs de la télévision en France en raison du rôle majeur qu'ils jouent en faveur de la création. En effet, la télévision va encore plus nous obliger à renforcer notre rôle d'éditeur afin de proposer des programmes de qualité et exclusifs, avec des contenus encore plus originaux. Voici l'opportunité pour la production audiovisuelle française, notamment la fiction et les nouvelles écritures – lesquelles ne sont pas réservées à internet.

Les chaînes de télévisions seront donc amenées à se distinguer en affirmant leur positionnement éditorial et leur politique de marque. Il sera également nécessaire de développer la puissance événementielle de chaque antenne en renforçant les émissions de direct. Le rôle des pouvoirs publics et des autorités de régulation est déterminant pour aider les chaînes à tirer profit d'internet et ne pas en être victimes. A cet égard, nous attendons beaucoup de la Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet – Hadopi – dans sa lutte contre l'exploitation illicite des oeuvres audiovisuelles et cinématographiques que nous aurons contribué à financer.

Enfin, une consultation est en cours sur l'élargissement des créneaux de diffusion des films de cinéma à la télévision : c'est une excellente initiative, mais il conviendrait de pousser cette logique d'actualisation de la réglementation pour tenir compte des nouvelles réalités. Il faut ainsi s'interroger sur un assouplissement du dispositif des heures dites de grande écoute pour les oeuvres audiovisuelles puisque toutes les oeuvres sont désormais disponibles à tout moment sur internet, y compris dans le cadre d'offres légales. Est-il pertinent de maintenir des obligations de diffusion restrictives pour la télévision linéaire ?

Par ailleurs, la question se pose de la qualification des programmes de flux, auxquels nous consacrons d'énormes moyens financiers. Ces programmes ne sont pas comptabilisés dans les obligations de production alors qu'ils font l'événement et participent de cette nécessité pour les chaînes de se distinguer de l'offre sur internet. La réglementation française sur ce point est la plus contraignante d'Europe et ne prend en considération que la fiction ou le documentaire qui relèvent en quelque sorte de genres nobles. Les programmes de flux exigent pourtant beaucoup de créativité audiovisuelle et soutiennent la création et le maintien de milliers d'emplois. Une évolution des règles pourrait consister à intégrer un minimum de programmes de direct dans les obligations de production. Cette mesure pourrait contribuer à revaloriser l'écran de télévision et à lui donner une puissance nouvelle face aux nouveaux acteurs de l'internet.

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