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Intervention de Bertrand Méheut

Réunion du 8 juin 2011 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Bertrand Méheut, président-directeur général de Canal :

La télévision connectée est une réalité qui va se développer très rapidement. Il ne faut pas opposer les offres dites linéaires des chaînes de télévision classiques et les offres délinéarisées de contenus disponibles à la demande, qui sont le fait notamment de nouveaux acteurs. Demain, les téléviseurs permettront, au travers de vignettes présentes sur l'écran, d'accéder à tous les contenus imaginables. Les réponses du groupe Canal + consistent à être présent dans les deux modes de diffusion, linéaire et délinéarisée, avec des marques fortes et des contenus très puissants et différenciés. A cet égard, le groupe Canal + dispose d'ores et déjà de marques très fortes et nous négocions actuellement avec les fabricants pour qu'elles soient présentes sur les téléviseurs connectés, et compte tenu de notre notoriété nous y parvenons.

Vouloir limiter le nombre de chaînes en diffusion linéaire est un leurre absolu et sera sans effet pour le consommateur puisqu'un nouvel acteur comme YouTube annonce, lui, la création de vingt chaînes qui seront disponibles directement sur le téléviseur. Nous considérons quant à nous que nous devons multiplier les offres dans tous les domaines, le gratuit et le payant, la vidéo à l'acte et par abonnement… Il faut anticiper l'arrivée d'un acteur comme Netflix qui a vingt-trois millions d'abonnés aux Etats-Unis à des offres de vidéo à la demande et qui a prévu de s'implanter en Espagne l'année prochaine. Netflix achète déjà des droits mondiaux pour les séries que les diffuseurs traditionnels avaient l'habitude d'acquérir. Nous devons être aussi fort que ce type d'acteur pour offrir à nos concitoyens des contenus qu'ils attendent et qui soient très différenciés par rapport à ce que ces acteurs auront pour habitude de diffuser.

La question du financement de la création, de la diffusion du sport et autres événements, de tout ce que nous avons l'intention d'avoir en exclusivité dans nos offres, qu'elles soient de télévision gratuite ou de télévision payante, se pose effectivement. On constate aujourd'hui que ce financement est de plus en plus difficile. Par exemple, en France en 2010, un film de cinéma sur deux n'a pas trouvé de financement de la part des chaînes de télévision gratuite, qui remplissent bien évidemment leurs obligations mais concentrent leurs investissements sur des programmes qui rassemblent sans doute davantage de téléspectateurs. La proportion atteint 70 % des films dits « du milieu », ceux dont le budget est raisonnable. Pour ce qui nous concerne, nous voulons, à travers tous les modes d'exploitation, contribuer à ce financement afin de disposer de contenus distinctifs qui ne seront pas accessibles en première diffusion auprès d'autres acteurs.

Dans le domaine de la création originale, en particulier la fiction, nous devons nous mettre au niveau de standards que nous n'arrivons pas aujourd'hui à atteindre en France. Ainsi, en fiction française, le coût de production est d'environ 600 000 euros de l'heure. Canal + investit davantage, environ un million d'euros de l'heure. Mais ce n'est pas suffisant puisque les grands networks américains engagent jusqu'à trois millions d'euros de l'heure. Notre ambition est d'arriver, par des accords paneuropéens, à construire des projets très exclusifs permettant de parvenir à ce niveau de financement en mettant à contribution des offres de télévisions à la fois gratuite et payante.

Notre réponse n'est donc pas de limiter les offres, mais bien plutôt de les étendre pour conforter ces financement et proposer des contenus très exclusifs, très locaux, différents de ceux qui seront directement mis à disposition par les nouveaux acteurs sur les télévisions connectées, en étant présents dans toute la chronologie des médias.

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