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Intervention de Anne Lauvergeon

Réunion du 14 juin 2011 à 18h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Anne Lauvergeon, présidente du directoire d'Areva :

Je ne crois pas qu'il soit plus difficile de vendre l'EPR à l'export, mais il est normal que l'on n'en vende pas tous les jours : ce sont des projets énormes qui nécessitent beaucoup de travail en amont. Nous arrivons par exemple en phase finale en Inde alors que le processus a commencé il y a plus de trois ans. L'ATMEA coûte moins cher à l'unité et présente donc l'avantage d'être accessible à des électriciens moins puissants. Il faut cependant prendre en compte le prix du kilowattheure.

En effet, nos réacteurs sont protégés non seulement contre les événements naturels, mais aussi contre les événements humains comme la guerre et le terrorisme. Nous conservons le traumatisme d'Osirak, ce réacteur de génération 2 vendu à l'Irak et bombardé par deux fois par l'armée israélienne, heureusement avant le chargement du combustible. Nos réacteurs sont conçus pour résister aux missiles et aux chutes d'avions commerciaux. L'ATMEA bénéficie bien entendu de cette protection, ce qui rend le kilowattheure produit plus cher.

C'est donc un réacteur destiné à des clients qui, soit ne disposent pas des réseaux électriques nécessaires à une plus grande puissance, soit n'ont pas les capacités d'investissement, soit ont besoin d'une puissance d'appoint. Financièrement, l'optimum reste cependant l'EPR. Notre grand concurrent, l'AP1000 de Westinghouse, est 17 % plus cher que l'EPR au kilowattheure.

Je me suis en effet rendue il y a une dizaine de jours en Haute-Vienne, monsieur Vergnier, pour lancer la construction du laboratoire Maurice Tubiana. Ce laboratoire produira du plomb 212, un isotope qui permettra le traitement de nombreux cancers à pronostic très difficile aujourd'hui. Nous avons envoyé parallèlement un dossier aux États-Unis. La Food and Drug Administration a approuvé en vingt minutes – du jamais vu ! – et nous avons pu lancer également notre projet américain.

C'est sans doute pour saluer ma venue que l'association Sources et rivières du Limousin, qui nous poursuit depuis de nombreuses années, a déposé une plainte sur un sujet passablement embrouillé.

Nous nous sommes engagés, notamment à la demande d'un propriétaire terrien, à enlever les résidus miniers, ce que nous faisons. Or, comme nous ne sommes autorisés par la préfecture qu'à déposer une quantité déterminée de ces boues dans un endroit donné et que le volume a dépassé nos estimations, nous avions le choix entre déposer un volume supérieur dans un endroit non autorisé par la préfecture ou trouver un stockage intérimaire, ce que nous avons fait. Manifestement, nous avons eu tort puisque nous sommes mis en accusation malgré notre volonté de bien faire !

Je l'ai dit publiquement : je ne demande qu'à discuter avec l'association Sources et rivières du Limousin. Malheureusement, les juristes qui la composent préfèrent les prétoires, mais notre bonne foi ne saurait être mise en doute.

Monsieur de Courson, s'agissant de la construction de la tranche Olkiluoto 3 (OL3), nous avons constitué une provision de 2,6 milliards d'euros : c'est la perte maximale envisageable à terminaison du projet, compte tenu d'un très grand nombre d'aléas. Peut-être avons-nous été pessimistes, mais nous préférons être sérieux. Sont exclues de cette provision toutes les demandes que nous avons faites auprès de TVO – notre hypothèse est que nous n'aurions rien – ainsi que les pertes d'exploitation puisque, selon les termes du contrat, nous ne saurions en être tenus pour responsables – nos juristes sont parfaitement clairs sur le sujet.

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