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Intervention de Anne Lauvergeon

Réunion du 14 juin 2011 à 18h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Anne Lauvergeon, présidente du directoire d'Areva :

Je vous remercie de m'avoir invitée, quelque trois mois après l'accident de Fukushima. J'évoquerai la situation à Fukushima et les conséquences de la catastrophe, dans le monde, d'une part, et pour l'entreprise Areva, d'autre part.

Mon mandat se termine effectivement dans une quinzaine de jours. Une procédure a été mise en place pour étudier l'ensemble des candidatures. Le président du conseil de surveillance, Jean-Cyril Spinetta, a remis ses conclusions aux pouvoirs publics, dont nous attendons la décision. Je suis naturellement candidate, car trois mois après Fukushima, je pense que le modèle Areva est un modèle à suivre en ce qu'il associe l'énergie nucléaire – mais pas n'importe laquelle – et les énergies renouvelables.

La catastrophe de Fukushima est la combinaison d'événements naturels soudains et exceptionnels : un séisme de grande ampleur et un tsunami très violent – on parle de 15 000 morts et de 12 000 disparus, mais il s'agit en réalité de 27 000 morts car aucun disparu ne sera plus retrouvé – suivis d'une catastrophe nucléaire.

L'entreprise Areva a été immédiatement mobilisée. Nous avons acheminé plusieurs tonnes de matériel de radioprotection dans trois avions de secours et avons été sollicités par Tepco et les autorités japonaises pour mettre en oeuvre des solutions. Celles-ci démarreront dans les deux jours qui viennent. Dans un temps record, nous avons mis en place une station de traitement pour traiter les 100 000 tonnes d'eau très contaminée qui restent sur le site. Cette station, réalisée avec l'aide de Veolia Water, permettra de refroidir les réacteurs avec un volume d'eau adéquat. Car en ajoutant de l'eau, les Japonais n'ont fait qu'augmenter les volumes d'eau à traiter. Nous allons sortir de ce cercle vicieux. Les personnels pourront rester plus longtemps à proximité des réacteurs, ce qui n'est pas possible actuellement.

La station traitera 50 mètres cubes d'eau par heure, ce qui représente de six à neuf mois de traitement. Nous avons fait des propositions concernant la gestion des combustibles usés sur le site. Ces propositions sont actuellement examinées par Tepco et le gouvernement japonais. En tout état de cause, nous sommes capables d'agir plus vite que ce que prévoyait l'agenda arrêté par les Japonais.

Nous nous sommes naturellement mobilisés pour tirer les leçons de Fukushima en ce qui concerne la base installée, c'est-à-dire les centrales nucléaires existantes – qui représentent 83 % du chiffre d'affaires nucléaire d'Areva. Après de nombreux séminaires organisés à travers le monde, nous avons fait connaître nos prescriptions : nous avons élaboré ce que j'appellerai les « prescriptions du docteur Areva ».

Nous nous sommes également mobilisés pour le « nouveau nucléaire ». Chez Areva, nous avons toujours été obsédés par la sûreté et la sécurité. Le nouveau nucléaire ne peut exister que dans des conditions de sûreté et de sécurité renforcées. On a parfois reproché à l'EPR d'utiliser « ceinture et bretelles ». Cette exigence est réelle et nous l'assumons.

Nous avons fait l'objet de critiques, en France, à propos des diesels de secours. À Fukushima, l'alimentation des diesels de secours a été emportée par le tsunami et l'eau a envahi les commandes des diesels, qui se trouvaient sous la terre. Les diesels de secours de l'EPR se trouvent en hauteur. Les centrales nucléaires traditionnelles comportaient deux ou trois diesels : l'EPR en compte quatre, et nous en avons ajouté deux – en quelque sorte les diesels de secours des diesels de secours. Ces six diesels sont installés dans des bunkers indépendants, antisismiques et imperméables. À l'époque, certains ont jugé inutile d'installer six diesels. L'exemple de Fukushima nous a appris que cela avait une utilité.

Cette obsession de la sûreté est aussi la mienne. Lorsque j'ai débuté ma carrière dans le nucléaire, à l'âge de vingt-trois ans, j'ai travaillé un an au CEA dans le domaine de la sûreté nucléaire. Je suis profondément convaincue qu'en matière nucléaire il faut exiger le meilleur niveau de sûreté.

Après Fukushima, allons-nous entrer dans un hiver nucléaire, comme après les événements de Three Mile Island et de Tchernobyl, qui avaient provoqué l'arrêt des constructions nucléaires dans la plupart des pays occidentaux ? Je ne le pense pas car la situation est très différente aujourd'hui. D'une part, les opinions publiques ont été très choquées, mais de manière inégale. Si la réaction, qui, à mon sens, a son épicentre en Allemagne, est également très forte en France, ce n'est pas le cas dans le reste du monde. D'autre part, dans les années 1980 et 1990, les énergies fossiles étaient très abondantes et peu chères – le prix du pétrole n'atteignait pas 10 dollars le baril. Or le pétrole ne concurrence réellement le nucléaire que si son prix est inférieur à 20 dollars. En outre, nous n'avions pas le souci de notre indépendance énergétique.

Un autre élément distingue très nettement la situation d'aujourd'hui et celle des années 1980 : le changement climatique n'était à l'époque qu'une vague hypothèse scientifique, et la réduction des émissions de CO2 n'était pas encore une contrainte.

À tous ces éléments s'ajoute la dimension géopolitique des questions énergétiques. L'idéalisme qui régnait dans les années 1980 n'est plus de mise : l'indépendance énergétique est devenue une valeur très importante.

Enfin, les pays émergents sont devenus des pays émergés, qui se développent très rapidement et ont besoin de beaucoup d'énergie. La soif collective d'énergie dans le monde est considérable, et l'électricité a un attrait spécifique, du fait du développement des équipements informatiques et des systèmes électriques qui nous entourent. Même si nous sommes amenés à réaliser d'importantes économies d'énergie – et je sais que nous y parviendrons – nos besoins d'électricité sont en constante augmentation.

Les fondamentaux qui militent en faveur du nucléaire – l'indépendance énergétique, la lutte contre le changement climatique et le faible coût de l'énergie nucléaire – sont toujours d'actualité, ce qui explique les prises de position d'un certain nombre de pays. La décision de l'Allemagne a eu une résonance importante en France parce que nous entretenons avec ce pays une relation de fascination, de compétition et d'imitation, mais d'autres pays européens – la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Pologne, les Pays Scandinaves, les pays Baltes, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie – ont réaffirmé leur plan nucléaire. Prenons la Pologne, dont 97 % du mix énergétique est issu du charbon : il y a dix jours, le Parlement polonais a voté à 90 % en faveur du plan nucléaire. Nous ne sommes donc absolument pas face à un gel du nucléaire. La Grande-Bretagne elle-même a décidé de poursuivre son développement nucléaire.

Dans le reste du monde, la Chine et l'Inde ont été très explicites. Sur le continent américain, le Brésil, le Canada et les États-Unis ont confirmé leur développement nucléaire. Quant à l'Afrique du Sud, trois semaines après Fukushima, elle annonçait un nouveau développement de 9 600 mégawatts.

En dehors du Japon, aucun chantier de construction de réacteur n'a été interrompu. Pourtant nous savons qu'il va se passer quelque chose. Toutes les autorités de sûreté sont concentrées sur la base installée et les leçons qu'il convient de tirer de Fukushima, et les Chinois revoient le design de leurs nouveaux réacteurs. C'est une très bonne nouvelle pour Areva, qui a fait de la sûreté et de la sécurité ses fondamentaux. Il n'y a pas si longtemps, on nous a reproché de ne pas avoir su nous adapter au principe du « low cost, low safety ». Nous avons toujours été très opposés à cette approche minimaliste, pour une raison simple tenant au fait que la sûreté et la sécurité sont la résultante de trois composantes : le design, c'est-à-dire la construction des installations, l'organisation du pays – autorités de sûreté, électriciens –, et la culture. Dans les pays qui ne sont pas du tout équipés, la culture nucléaire est faible et l'organisation n'est pas aussi élaborée que celle que l'on peut trouver aux États-Unis ou en France, qui ont trente ou quarante ans d'expérience. Est-ce une raison pour construire dans ces pays des réacteurs nucléaires dont nous ne voudrions plus chez nous ? Ce choix me paraîtrait parfaitement illogique et très dangereux.

Dans un tel contexte, les énergies renouvelables, très consensuelles, continuent de se développer. Leur part dans la production mondiale d'énergie pourrait tripler d'ici à 2020 et plus que quadrupler d'ici à 2030, pour atteindre environ 13 % du mix énergétique mondial. Cette part reste modeste, mais l'événement de Fukushima pourrait accentuer cette progression.

Areva, qui fêtera ses dix ans le 3 septembre prochain, est le numéro un mondial de la production d'énergie sans émission de CO2. Bien que leur part soit encore faible dans notre chiffre d'affaires, les énergies renouvelables représentaient 1,8 milliard d'euros dans notre carnet de commandes fin 2010 et leur part enregistre une forte croissance. Les énergies renouvelables sont pour Areva un business et une stratégie à long terme, reposant sur d'importantes synergies techniques et commerciales. En plus de nos clients communs que sont les électriciens, nous avons des clients qui cherchent à réduire leur empreinte CO2.

Une étude indépendante, publiée aujourd'hui même par le cabinet PricewaterhouseCoopers Advisory, indique que les acteurs français du secteur nucléaire occupent une position de leadership et que leur expertise en matière industrielle et de R&D est reconnue au niveau mondial. Nous le savions, mais il est bon qu'une entreprise américaine le dise. Je ne reviendrai pas sur ce que représentent Areva, EDF, le CEA, GDF Suez, préférant faire référence aux 500 entreprises qui composent le secteur et dont 20 % sont des PME qui ont développé un savoir-faire spécifique dans le domaine nucléaire. Leur implantation sur l'ensemble du territoire contribue fortement au développement local. D'ailleurs, certaines régions – Bourgogne, Rhône-Alpes, Normandie, Nord-Pas-de-Calais – ont développé des compétences spécifiques et accueillent des projets industriels majeurs, au sein d'un tissu industriel très dense.

Cette étude indique que le secteur nucléaire compte en France 410 000 emplois, dont 120 000 emplois directs, soit autant que l'aéronautique, ce qui représente près de 4 % des emplois industriels et 2 % du total des emplois en France. Notre valeur ajoutée atteint près de 34 milliards d'euros, soit l'équivalent d'une contribution au PIB de 2 % – sans compter l'avantage d'une électricité moins chère que dans le reste de l'Europe.

Le secteur nucléaire emploie généralement du personnel qualifié et expérimenté – plus d'un tiers de cadres et ingénieurs travaillent dans les grands groupes. Il recrute plus de 2 000 personnes par an, dont plus de 50 % d'ingénieurs, et il a triplé le nombre de formations spécialisées, au cours des quatre dernières années, dans les universités et les grandes écoles françaises.

L'implantation de grands projets internationaux de R&D – je pense à ITER – créera près de 4 000 emplois dans les quarante ans qui viennent. En outre, elle participe au rayonnement de la France.

Areva est le fruit d'une politique qui s'est poursuivie pendant cinquante ans. Un journaliste américain se demandait un jour comment la France, qui change sans cesse d'avis, pouvait faire preuve d'une telle continuité en matière de politique nucléaire ! Certes, nous avons été plus constants en la matière que les États-Unis. Il y a dix ans, la fourniture d'électricité à EDF représentait 80 % de notre chiffre d'affaires. Aujourd'hui 95 % des électriciens nucléaires dans le monde sont clients d'Areva et seulement 25 % de notre chiffre d'affaires est réalisé par EDF. Nous employons 48 000 collaborateurs, dont 63 % en France, et nous recrutons massivement. En 2010, nous avons embauché plus de 5 000 personnes, dont près de la moitié en France. Nous avons investi près de 2 milliards d'euros par an dans notre outil industriel et nous le ferons encore en 2011 et 2012. Une entreprise qui investit en France plus de 4 milliards d'euros est plutôt atypique.

Nous consacrons la plus grande part de nos investissements au capital humain, comme en témoignent notre campus international d'Aix-en-Provence et les nombreuses formations en alternance que nous proposons afin d'élever le niveau de qualification et de compétence des bassins d'emploi au sein desquels nous travaillons. Ces personnes formées en alternance sont très souvent recrutées par Areva ou par des sous-traitants d'Areva, qui se félicite d'avoir essaimé de manière intelligente.

Nous avons réalisé d'importants investissements dans la R&D : plus 80 % durant les trois dernières années, soit 10 % de notre chiffre d'affaires. Nous sommes persuadés que, si nous voulons conserver notre avance technologique, nous devons avancer plus vite que les autres. Certes, nos résultats financiers pourraient être meilleurs, mais s'ils l'étaient ce serait au dépend des investissements dont nous avons besoin ou de la R&D, et ce serait un calcul à très court terme.

Selon l'étude de PricewaterhouseCoopers, l'implantation d'un EPR en France génère 8 000 emplois, directs et indirects, et 650 millions d'euros de valeur ajoutée par an. Son exploitation créera plus de 1 500 emplois en France pendant soixante ans. Exporter un EPR crée 4 000 emplois en France et génère près de 300 millions d'euros de valeur ajoutée par an durant sa construction.

Le partenariat industriel est, si je puis dire, au coeur de notre ADN. Nous avons mis en place le label « Fournisseur Areva » qui nous a permis en 2010 de labelliser 419 entreprises, en majorité françaises mais également issues de onze pays européens. Nous entraînons de nombreuses entreprises du monde entier, de la Finlande à la Chine.

Nous avons la volonté de faire de même avec les énergies renouvelables. Dans ce domaine, nous nous sommes développés à partir de deux acquisitions et de deux éléments de développement interne, dont une acquisition en Allemagne dans le domaine de l'éolien offshore – il s'agit de réaliser des éoliennes en mer du Nord. L'État vient de lancer un appel d'offres. Si nous sommes choisis, nous sommes prêts à nous installer en France et nous avons pour cela sélectionné trois villes – Dunkerque, Le Havre et Cherbourg – sachant que cela représente 4 000 emplois potentiels.

Il n'est pas inutile de préciser à ce propos, face aux chiffres avancés parfois par les opposants au nucléaire, que chaque million d'euros investi dans le nucléaire se traduit, selon l'étude de PricewaterhouseCoopers, par la création de 2,9 emplois à temps plein, contre 1,2 emploi pour le charbon, 0,9 pour l'éolien à terre, 0,7 pour le gaz et 0,5 pour le photovoltaïque.

En dix ans, Areva a créé 30 000 emplois en France, versé 3,4 milliards d'euros à ses actionnaires, et son chiffre d'affaires a augmenté de 30 %. Le titre s'est apprécié de 75 %, alors que le CAC 40 se dépréciait de 18 %. Areva est devenue l'une des quatre entreprises qui incarnent le mieux l'excellence industrielle française, après Renault, EADS et PSA.

Nous ne proposons plus désormais à l'exportation que des réacteurs de génération 3+, à l'exception de trois centrales dont la construction a commencé voilà longtemps et qui, après avoir été arrêtées, doivent être achevées avec un niveau de sécurité maximale – Angra 3 au Brésil, Belene en Bulgarie et Bellefonte aux États-Unis. En matière de sûreté et de sécurité, nous avons toujours placé la barre très haut : il n'est pas question de faire des économies dans ce domaine.

Depuis mon arrivée à la COGEMA, je ne cesse de plaider pour plus de transparence dans l'industrie. Nous avons installé des webcams dans nos usines et ouvert le dialogue avec nos opposants. La crise de Fukushima montre que cette exigence de transparence ne peut être négociable. Avec la loi de 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire, très en avance sur les législations adoptées dans le reste du monde avec son article 19 et la création des commissions locales d'information, la France est bien armée à cet égard et s'est notamment dotée d'un gendarme efficace. Nous participons avec intérêt à tous les travaux de l'Assemblée nationale, notamment dans le cadre de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) et des différentes commissions qui se saisissent de ces questions. Il ne peut y avoir de nucléaire sans acceptation du public et il importe donc de reconstruire la confiance. Il y aura, à cet égard, beaucoup à faire en France, car notre pays a été bien plus proche que, par exemple, la Grande-Bretagne, de l'épicentre émotionnel de Fukushima.

Cette crise a évidemment eu un impact sur nos activités nucléaires. Tout d'abord, l'arrêt des six réacteurs du site de Fukushima et de huit réacteurs allemands, dont nous étions fournisseurs – pour la conversion et l'enrichissement au Japon et pour le combustible en Allemagne –, se traduit par une interruption de la commande. Nous anticipons également, selon les pays, un décalage de trois à neuf mois du calendrier de la prise de décision dans le domaine nucléaire, ce qui reportera d'autant notre charge. Cependant, la part de 83 % de notre chiffre d'affaires liée à la base installée, c'est-à-dire aux réacteurs existants, ne sera pas affectée et devrait même progresser, car nos clients demandent des équipements supplémentaires que nous pouvons leur offrir.

Outre ces impacts tant positifs que négatifs, nous sommes aussi partie prenante de la solution à la crise de Fukushima. Nous devrions donc formuler d'ici à la fin du mois des orientations – ou « guidances » – sur notre trajectoire pour 2011 et 2012.

Dans ce contexte, notre modèle intégré conserve toute sa pertinence, car il nous donne de la flexibilité – je rappelle à ce propos que 95 % des électriciens sont clients d'Areva.

Pour ce qui est de notre plan de financement, le groupe Areva avait demandé en 2003-2004 une augmentation assez significative de son capital. De fait, une grande partie des installations industrielles françaises datait des années 1960 et 1970 et la fin de vie de bon nombre de ces installations était programmée, compte tenu notamment des nouvelles exigences en matière de sûreté. Le remplacement d'Eurodif, équipement dont la création avait été financée par le budget de l'État, devra désormais être financé à partir d'autres sources. Il en va de même pour l'usine de conversion Comurhex. Le portefeuille de mines d'uranium devra également être renouvelé, car nos mines sont en fin de vie.

Compte tenu de la hausse du coût des énergies fossiles, de la nécessité de réduire les émissions de CO2 et des besoins croissants en énergie, un redémarrage du nucléaire s'ébauche depuis 2003-2004. Après plusieurs années durant lesquelles nous avons dû faire d'importantes économies, l'augmentation de capital demandée à l'État pour permettre à Areva de faire face à ses investissements a finalement eu lieu en 2010 et, même si son montant est inférieur à nos attentes, il devrait être suffisant dans l'immédiat. Nous avons en effet cédé T&D pour un peu plus de 3 milliards d'euros et toutes nos participations financières dans Total, GDF-Suez et Safran dans de très bonnes conditions, ainsi que des participations minoritaires dans les mines à certains de nos clients contre des contrats à long terme dans nos usines d'enrichissement. Nous avons donc renforcé nos fonds propres et poursuivons notre plan de développement avec une structure financière renforcée. Standard & Poor's a confirmé le 15 avril 2011 – donc après Fukushima – la notation BBB+ d'Areva, et les perspectives de l'entreprise, jusque-là « négatives », sont désormais jugées « stables ».

En outre, deux arbitrages favorables ont été rendus face à Siemens. Tout d'abord, la valorisation de la participation de Siemens dans Areva NP, pour laquelle nous avions retenu dans nos comptes le chiffre très conservateur de 2 milliards d'euros, a finalement été ramenée à 1,6 milliard d'euros, soit un gain de 400 millions d'euros. L'autre arbitrage a par ailleurs confirmé qu'en voulant s'associer avec un partenaire russe, Siemens avait enfreint le pacte d'actionnaires qui nous liait et l'a condamné non seulement à la pénalité maximale, mais aussi au règlement des frais d'avocat et des frais financiers. Nous avons donc reçu de Siemens, voilà un mois, 684 millions d'euros.

Nous avons également simplifié la structure capitalistique de l'entreprise. Les « certificats d'investissement » ont été transformés en actions ordinaires, dont la cotation est intervenue le lundi 30 mai. Avec un capital flottant de 4,2 %, nous gagnons en visibilité, en lisibilité et en transparence sur les marchés financiers. Nous allons en outre pouvoir lancer le plan d'actionnariat salarié, très demandé depuis des années. La répartition du capital est inchangée, avec 73 % pour le CEA, 10,2 % pour l'État, 4,8 % pour KIA, le fonds souverain koweïtien, 3,3 % pour la Caisse des dépôts et consignations, 2,2 % pour EDF, 1 % pour Total, 0,9 % pour Calyon, 0,2 % d'autocontrôle et 4 % pour le public.

En conclusion, nous sommes engagés depuis dix ans dans une dynamique industrielle cohérente, durable, structurée autour des valeurs fortes que sont la sûreté, la sécurité et la transparence et d'une stratégie simple – le « sans CO2 » –, avec la volonté de dédramatiser la relation entre nucléaire et renouvelable, car on peut être à la fois pro-nucléaire et pro-renouvelable.

Nous allons poursuivre nos investissements pour répondre à une demande internationale accrue. La filière nucléaire industrielle française a des atouts uniques, comptant quatre grands acteurs mondiaux, leaders chacun dans son domaine.

Vous pouvez compter sur ma détermination au cours des seize prochains jours – et, je l'espère, plus longtemps –, ainsi que sur celle des équipes d'Areva au service de cette expertise internationalement reconnue.

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