Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Yves Durand

Réunion du 9 juin 2011 à 15h00
Lutte contre le décrochage scolaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Durand, rapporteur de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

Pourquoi refusez-vous avec autant de vigueur l'institutionnalisation de ce qui existe déjà ?

J'y vois là la volonté de ne pas affronter des parents qui sont majoritairement favorables à la scolarisation des enfants de trois ans. Ma région a fait de la scolarisation précoce une priorité pour l'académie de Lille, sous tous les gouvernements, de droite ou de gauche. Et c'est le vôtre, monsieur le ministre, qui a comme ambition – j'entends encore Mme la rectrice de l'académie de Lille – de faire baisser la scolarisation précoce et de la ramener à la moyenne nationale.

Il y a là une véritable rupture dans l'ambition affichée – la non-ambition devrais-je dire –, qui va à l'encontre des déclarations que vous venez de faire. Je ne voudrais pas croire que cela soit la véritable raison du refus d'institutionnaliser la scolarité à trois ans.

Je ne voudrais pas que nous ayons un débat sémantique sur le décrochage scolaire, monsieur le ministre. Le décrochage ne concerne pas seulement les élèves qui sont déscolarisés après seize ans, d'autant qu'après seize ans, ils n'ont plus à être scolarisés, la scolarisation obligatoire cessant à seize ans.

Le décrochage, c'est le fait de ne plus participer à la vie et au travail scolaires, dès le début de la scolarité. Un élève peut décrocher tout en étant présent dans la classe.

En tant qu'enseignant, j'ai connu des élèves qui ne posaient aucun problème : ils étaient au fond de la classe, ils ne dérangeaient personne, ni leurs camarades, ni moi-même. Ils étaient physiquement présents, mais intellectuellement et affectivement absents. Ils étaient en décrochage scolaire et allaient vers l'échec. C'est à cette forme de décrochage qu'il faut répondre en dehors des cas des élèves chahuteurs.

Je crains que nous ne nous inscrivions pas dans la même logique, monsieur le ministre. Vous considérez qu'il faut instaurer un certain nombre de dispositifs de recours à côté de l'école, en dehors de l'école, après l'école. Comme ils fonctionnent, plus ou moins bien, inutile donc, selon vous, d'insister sur l'école elle-même. Pour notre part, nous estimons que c'est à l'école qu'il faut mettre en place des procédures pour lutter contre le décrochage et l'échec scolaires. Votre politique consiste à démanteler l'école, je n'insiste pas davantage car nous vous interpellons tous les mardi et mercredi sur la suppression des moyens et sur votre manque total d'ambition, je le dis nettement.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion