Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le décrochage scolaire est un phénomène complexe.
On parle de décrochage scolaire lorsqu'un élève quitte l'institution scolaire, abandonne ses études, arrête en cours de cursus. La définition du « décrochage » se rapproche plus de celle de « déscolarisation », d' « échec scolaire. »
Le phénomène génère des dégâts humains et sociaux considérables et il interroge l'institution scolaire dans ses missions essentielles : garantir l'égalité des chances, faire en sorte que chacun puisse construire son avenir professionnel et réussir sa vie en société.
N'est-ce pas de notre responsabilité de tout faire, de tout mettre en oeuvre pour garantir ces nobles objectifs ? N'est-ce pas de votre responsabilité, monsieur le ministre, vous qui êtes aux commandes de ce beau et grand ministère ?
N'est-ce pas de votre responsabilité, monsieur le ministre, de prendre en considération tous ces jeunes qui souffrent et qui vivent mal leur scolarité pour diverses raisons, qui s'éloignent du dispositif ou qui le rejettent par des comportements marginaux ?
C'est de votre responsabilité, monsieur le ministre, d'être à l'écoute de cette proposition de loi ! La lutte contre le décrochage est une priorité nationale absolue.
On peut se féliciter et se réjouir des brillants résultats obtenus par un très grand nombre de jeunes, mais on doit, me semble-t-il, prendre à bras-le-corps le problème du décrochage scolaire en lui accordant toute l'attention nécessaire et en y consacrant les moyens humains et financiers indispensables.
Plus de 150 000 jeunes sont exclus du système scolaire, sans qualification, sans diplôme ! Quel triste constat !
L'école doit accueillir tous les enfants pour leur donner le « désir d'école ». Notre mission n'est-elle pas de donner à toute la jeunesse « la confiance d'apprendre » en prenant en compte les compétences de chacun, de lui permettre de se réaliser et de s'épanouir ?
Notre mission n'est-elle pas d'accompagner chaque famille, parfois éloignée de l'école, en lui redonnant confiance en l'école et en la déculpabilisant ?
Je suis personnellement convaincu que l'approche scolaire dès le plus jeune âge est une avancée capitale, indispensable et incontournable dans notre dispositif.
Détecter, prévenir, agir, répondre doivent être des objectifs majeurs, qu'on pourra bien identifier grâce à une scolarité obligatoire dès trois ans.
Dans ma fonction de maire d'une commune rurale, j'ai expérimenté la mise en place d'une classe passerelle de préscolarisation permettant aux parents d'être associés à l'initiation de leur enfant à l'école maternelle. C'est une véritable réussite qui satisfait toutes les parties prenantes de ce dispositif : les enseignants, les parents, les enfants et la collectivité. Ce genre d'initiative pourrait être multiplié .
Je conclurai mon intervention en évoquant l'importance de la mobilisation de la communauté éducative à tous les niveaux avec la mise en place d'un suivi spécifique, la surveillance des phases de transition, l'implication des partenaires de l'école, la surveillance de l ‘absentéisme.
Par ailleurs, je reste intimement convaincu que le rôle du professeur principal demeure capital dans le dispositif de la lutte contre le décrochage scolaire. En effet, il est le référent incontournable à la croisée des chemins de la famille, du jeune, de l'administration, des professeurs, des personnels et des structures associés. Il m'apparaîtrait donc judicieux, monsieur le ministre, de lui donner cette reconnaissance et les moyens pour assurer sa mission d'accompagner les jeunes dans leur réussite, mais aussi dans leurs difficultés, le décrochage scolaire tout particulièrement. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)