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Intervention de Luc Chatel

Réunion du 9 juin 2011 à 15h00
Lutte contre le décrochage scolaire — Discussion d'une proposition de loi

Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative :

Monsieur le rapporteur, la lutte contre le décrochage scolaire est absolument capitale. Nous nous rejoignons sur nombre d'orientations générales que vous avez définies dans votre propos liminaire. J'ai le sentiment que nous sommes souvent d'accord sur le constat, sur l'analyse. En revanche, nos divergences sont fortes sur les réponses à apporter.

Le rôle de l'école, c'est d'abord d'instruire, de transmettre le savoir. C'est ensuite d'éduquer des citoyens, de les préparer à être des personnes éclairées, à exercer librement leur autonomie tout au long de leur vie.

Mais il est une mission de l'école qui, plus que jamais, prend une part importante, c'est celle de l'insertion professionnelle. Un débat a longtemps opposé ceux qui considéraient que l'école était là pour transmettre et ceux qui, au contraire, pensaient qu'elle était le passage nécessaire à la vie professionnelle, à l'insertion dans la société. Aujourd'hui, un consensus s'est dégagé sur le fait que ces deux missions n'ont pas à s'opposer et que l'on peut à la fois instruire, éduquer et préparer à la vie professionnelle. À l'heure de l'économie de la connaissance, de la société du savoir, il est essentiel d'élever le niveau des connaissances pour faire en sorte que nos jeunes concitoyens puissent s'insérer professionnellement.

Aujourd'hui, on le voit avec la revalorisation du niveau d'exigence des entreprises mais aussi de tous les acteurs qu'ils soient publics ou privés, le diplôme constitue en quelque sorte le droit à l'insertion et parfois l'arme anti-crise. Une étude du Céreq sur les jeunes face à la crise de 2008-2009 montre très clairement que ce sont les jeunes sans qualification qui souffrent de cette crise, le diplôme devenant effectivement l'arme anti-crise. Aujourd'hui, le chômage chez les jeunes diplômés de moins de vingt-cinq ans est trois fois moins élevé que chez ceux qui sont sortis du système éducatif sans qualification. On le voit, l'insertion professionnelle est une priorité que nous devons fixer à l'école.

C'est la raison pour laquelle, le 29 septembre 2009, lorsqu'il a présenté le plan « Agir pour la jeunesse », le Président de la République a demandé au Gouvernement de faire de la lutte contre le décrochage scolaire une priorité nationale. L'éducation nationale est évidemment en première ligne dans cette bataille. Elle y est pleinement engagée. Je souhaite rappeler l'ensemble des actions que nous menons à cet égard.

Monsieur le rapporteur, à mon sens, il ne faut pas opposer prévention et réparation. Nous pensons qu'il importe de mener une politique globale de personnalisation tout au long de la scolarité. La meilleure réponse au décrochage scolaire, c'est d'abord de faire en sorte que chaque élève quitte le système éducatif en ayant trouvé sa voie et en passant un diplôme. Cela ne peut être obtenu que grâce à une personnalisation des méthodes d'enseignement. C'est la politique que nous avons engagée depuis quelques années, de l'école maternelle jusqu'au baccalauréat. Les deux heures d'aide personnalisée qui existent dans le primaire ont bien lieu pendant le temps scolaire. Il s'agit d'un accompagnement spécifique des élèves, d'un soutien scolaire, de préparer les élèves à des examens. Bref, c'est un temps où la différenciation s'opère, où l'enseignant s'adapte à l'hétérogénéité, à la diversité de sa classe.

Je pense aussi aux stages de remise à niveau que nous avons créés pendant les vacances scolaires et qui permettent à des élèves de rattraper leur retard et d'acquérir des compétences qu'ils n'avaient pas pu s'approprier durant leur scolarité.

Je pense encore à l'accompagnement éducatif au collège, qui permet d'accueillir plus d'un million de collégiens tous les soirs après seize heures et de leur proposer d'effectuer leurs devoirs au sein du système éducatif.

À l'article 1er, vous présentez en réponse à ce constat une mesure dont, je vous le dis très sincèrement, je me sens assez proche de l'esprit. Vous proposez de rendre la scolarité obligatoire dès l'âge de trois ans. Même si, dans les faits, nous scolarisons près de 100 % des élèves de trois à six ans, je serais prêt à vous rejoindre pour deux raisons essentielles.

Premièrement, je considère que la maternelle est une vraie école.

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