Le rôle du politique, génération après génération, est de pérenniser ce pacte républicain. À notre époque, en pleine mondialisation, où les crises succèdent aux crises, nul ne peut contester, non seulement la légitimité, mais aussi le devoir qui incombe à la représentation nationale de prendre ses responsabilités pour promouvoir nos principes républicains. C'est l'objet de cette proposition de résolution. Il s'agit d'un texte clair et équilibré, bien loin de ce que l'écume médiatique avait semblé nous promettre. Il s'agit d'un texte utile et nécessaire, contrairement à ce que certaines voix voudraient faire croire.
Oui, ce texte est utile et nécessaire. À entendre certains, tout serait déjà dans la loi, qui ne demanderait qu'à être appliquée. Pourtant, les acteurs de terrain savent bien que la réalité appelle des politiques le courage d'une prise de position solennelle, et de dispositions nouvelles visant à garantir nos valeurs les plus essentielles. Dans nos territoires, dans nos villes, l'instituteur, le professeur, l'éducateur du centre social, le policier, l'élu local, tous ceux-là savent bien, pour le vivre quotidiennement, que la laïcité est trop souvent mise à mal dans notre pays. Quel responsable politique digne de ce nom devrait accepter d'abandonner ceux qui font la République au jour le jour ?
Oui, la neutralité des agents du service public, ainsi que celle des personnes oeuvrant dans le secteur social et médico-social d'intérêt général est indispensable à la préservation d'un vivre ensemble serein où chaque croyance est respectée. Nul ne peut imposer à ses enfants de ne pas suivre un programme scolaire obligatoire pour des raisons religieuses. Nous réaffirmons aussi notre attachement à la liberté religieuse, et aux garanties de son exercice.
Ces grands principes, ainsi que leurs implications concrètes, engagent chaque citoyen dans la droite ligne de la loi de 1905 à laquelle nous sommes tous profondément attachés. Mais l'histoire du fait religieux en France ne s'est pas arrêtée il y a 106 ans. C'est pour cela que cette résolution sonne comme un point d'orgue. Elle donne toute sa cohérence aux efforts accomplis depuis dix ans pour réaffirmer notre attachement à la laïcité et à la liberté religieuse, depuis la commission Stasi jusqu'à la loi interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public, en passant par l'installation par Nicolas Sarkozy du conseil français du culte musulman.
Au cours du débat des derniers mois, particulièrement hystérisé par les médias, on avait parfois l'impression d'oublier que nous vivions dans une société française fortement sécularisée. C'est pourtant bien la réalité, et notre devoir est de garantir aux filles et aux fils de France qu'ils seront libres de croire ou de ne pas croire, égaux et unis sous l'égide d'une République laïque, forte et juste, qu'ils soient chrétiens, juifs, musulmans, agnostiques ou athées.