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Intervention de Jean-Claude Guibal

Réunion du 31 mai 2011 à 15h00
Proposition de résolution sur l'attachement au respect des principes de laïcité et à la liberté religieuse — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Guibal :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, notre République est laïque, elle le doit à la loi de 1905 de séparation des églises et de l'État.

Être laïque pour notre République, ce n'est pas, comme une appréhension triviale a pu le faire penser, être contre les religions. La laïcité à la française est plus subtile que cela. Nourrie de l'esprit des Lumières, elle assure la liberté de conscience et garantit la liberté de culte. Elle ne nie pas que l'homme puisse éprouver un sentiment religieux, qu'il puisse avoir des aspirations spirituelles, qu'il puisse croire en un dieu, bref qu'il puisse avoir le sens de la transcendance. Elle ne l'en empêche pas, elle lui demande seulement d'en limiter la pratique et l'expression à sa vie privée.

Cela veut dire aussi que dans notre conception de la laïcité, la puissance publique est neutre à l'égard des religions, qu'elle ne prend parti ni pour l'une ni pour l'autre, et qu'elle les respecte toutes. Le principe de laïcité s'est traduit, au fil du temps, par des dispositions concrètes, dont les dernières en date concernent l'interdiction des signes religieux ostensibles à l'école, ou la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il s'agit aujourd'hui d'aller plus loin, sinon en codifiant, en tout cas en rappelant et en clarifiant, par le vote d'une résolution, notre attachement au respect des principes de laïcité et de liberté religieuse.

Je voterai cette résolution. Je le ferai parce que ses considérants, en déclinant les conséquences pratiques du respect de ces deux principes, établissent une limite aux manifestations extrémistes et, plus précisément, à leur instrumentalisation par des mouvements animés, en réalité, d'intentions politiques.

Je voterai cette résolution en souhaitant cependant qu'elle ne soit pas à son tour instrumentalisée par cette autre forme d'extrémisme qu'est le laïcisme. La force de notre conception de la laïcité repose, je l'ai dit, sur sa neutralité à l'égard des religions et sur son respect pour elles. C'est ainsi qu'elle rejoint l'universalité si caractéristique de notre culture, et qu'elle peut être adoptée par d'autres pays que le nôtre confrontés à des risques de tensions religieuses.

Le laïcisme, c'est-à-dire l'interprétation militante d'une laïcité en lutte contre les religions, nous ramènerait à une vision obscurantiste et appauvrissante de l'homme, que certains esprits qui se croyaient forts ont tenté, naguère, de faire prévaloir.

Je voterai cette résolution, mais en insistant sur le fait qu'elle concerne l'aspect cultuel des religions, et pas leur dimension culturelle. J'ai regretté, je l'avoue, et je crois même ne pas avoir compris, que les auteurs de la Constitution européenne n'aient pas voulu – à moins qu'ils n'aient pas osé – faire référence au fait que l'Europe s'était historiquement construite sur la base de valeurs judéo-chrétiennes.

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