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Intervention de François Asensi

Réunion du 31 mai 2011 à 15h00
Proposition de résolution sur l'attachement au respect des principes de laïcité et à la liberté religieuse — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Asensi :

Nous ne partageons pas la vision de la société française et de la laïcité que reflète cette résolution. Notre nation n'est pas la nation sclérosée de Latran, qui se reconnaît comme origine immuable la chrétienté et l'Ancien régime. Pas plus que la nation dissoute dans l'ultralibéralisme antidémocratique de l'Union européenne. La France est définitivement multiculturelle, multiconfessionnelle et multiethnique. Et je m'en félicite.

Pour nous, la nation est une histoire, mais bien plus encore un avenir commun. Elle est une volonté de participer à un projet progressiste et émancipateur. Tous les citoyens y ont leur place, quelles que soient leurs convictions ou leurs origines.

La laïcité définie en 1905 nous offre le cadre idoine pour faire société ensemble ; pour oeuvrer à l'émancipation des hommes, et encore plus des femmes, de toutes les formes d'oppressions : religieuses, économiques, politiques. « Laïcité et progrès social sont deux formules indivisibles. Nous lutterons pour les deux. ». Ainsi s'exprimait Jean Jaurès en 1912.

Cette résolution s'en tient à des déclarations générales sur des principes essentiels. Mettre en place une pédagogie de la laïcité dans l'éducation nationale est, certes, un objectif indispensable. Mais comment l'atteindre quand les crédits et les effectifs sont en chute libre ?

Sur d'autres points, elle introduit des dispositions dangereuses.

La codification de la laïcité ouvrirait une brèche intolérable dans la loi de 1905. Mon avis est celui du maire d'une ville de Seine-Saint-Denis multiconfessionnelle : la loi de séparation de l'église et de l'État a apporté la preuve de sa souplesse. Nul besoin de la réviser pour garantir les libertés et l'ordre public. Les musulmans ne peuvent exercer dignement leur foi par manque de lieux de cultes. La question est sérieuse, mais le régime actuel permet parfaitement de soutenir de nouvelles constructions sans que les pouvoirs publics participent à leur financement.

Plus gravement, la réduction de la laïcité à la liberté religieuse, substrat de votre résolution, est un détournement inacceptable. Que deviennent les non-croyants ? Nous préférons de loin le principe de liberté de conscience.

Enfin, je m'interroge sur le concept de laïcité équilibrée, que la France devrait défendre à l'international. N'est-ce pas le retour de la laïcité positive ?

Je n'ai jamais transigé sur les valeurs fondamentales de la République, notamment sur la laïcité. Pour cette raison, j'avais approuvé la loi sur l'interdiction des signes religieux à l'école, quand certains de mes collègues faisaient un choix différent et tout à fait respectable.

Le texte qui nous est aujourd'hui proposé est d'un tout autre ordre. Il ne constitue pas un renforcement de la laïcité, mais une dangereuse instrumentalisation.

Nous voterons contre une résolution qui affaiblit la laïcité et divise les Français. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

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