Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, aujourd'hui comme hier, les députés communistes et républicains demeurent profondément attachés au principe de laïcité, fruit des Lumières et de la séparation du spirituel et du politique. Je rappelle d'ailleurs que le principe de laïcité de notre république est entré dans la Constitution, en 1946, à l'initiative des parlementaires communistes.
Précisément en raison de cet attachement, nous refusons l'instrumentalisation de ce beau principe par un parti politique, fût-il majoritaire.
Après des décennies d'affrontements et d'ingérence de l'église dans les affaires de l'État, la loi de 1905 apaisa la France en garantissant les libertés individuelles et la neutralité de l'État. Elle rendit possible la cohésion de notre société, quelles que furent les convictions ou la culture de ses citoyens.
Notre composante demeure attachée à cet esprit d'apaisement, que je sais largement partagé sur ces bancs. C'est ce message qu'ont envoyé les responsables des principaux cultes en s'opposant à ce débat. L'immense majorité des croyants aspire à vivre paisiblement sa foi. Les musulmans, aussi bien que les catholiques et tant d'autres cultes, respectent les lois de la République et se retrouvent dans le principe de laïcité. Les surenchères de quelques extrémistes, que nous condamnons avec la plus grande fermeté, ne peuvent le masquer.
À quoi bon raviver les ferments de la division ?
Un an après les polémiques sur le voile intégral, la majorité lance un nouvel écran de fumée. Mais cette entreprise de diversion ne fera pas oublier son échec sur le terrain économique et social. À l'approche des échéances électorales, la droite courtise les électeurs du Front national, quitte à attiser les peurs et à jouer sur les sentiments xénophobes.
Une nouvelle fois, l'islam se trouve sur le banc des accusés : des pratiques minoritaires et condamnables sont surexploitées ; la présence importante de musulmans en France est jugée « problématique ». Un lien délétère est également établi par certains responsables de la majorité entre l'immigration et les atteintes à la laïcité. Comment accepter cette stigmatisation injuste ?
Les citoyens français et musulmans refusent d'être mis à l'écart de la communauté nationale.