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Intervention de Luc Vigneron

Réunion du 24 mai 2011 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Luc Vigneron, président-directeur général de Thales :

Les équipements du site du Haillan concernent plusieurs types de cockpit, magnifiques, notamment ceux du Rafale, de l'A350, de l'A400M ainsi que des avions du futur. Les inquiétudes liées à la réorganisation du groupe sont un malentendu. Nous avons en effet créé une dérogation pour l'activité avionique, en raison de sa dimension mondiale. Michel Mathieu, qui dirige Thales Avionique, est à la tête des centres de service internationaux en France, mais aussi aux États-Unis et à Singapour.

Il est vrai que la société traverse une période difficile et enregistre de lourdes pertes, nous obligeant à une recapitalisation de plusieurs centaines de millions d'euros. Cette situation résulte paradoxalement d'un excès de développements et n'est pas imputable au personnel. Cela dit, les difficultés se résorbent. Lorsque je me rends sur place, je rencontre le personnel et les partenaires sociaux : ils sont bien conscients qu'on ne peut continuer à enregistrer de telles pertes.

Le Haillan reste cependant le leader de l'activité R&D, y compris prototypes, dans ce domaine de l'avionique. Quant au fait d'orienter les fabrications de petites séries de calculateurs sur notre établissement de Vendôme et de grandes séries sur notre établissement de Singapour, il est le reflet de la pression compétitive que nous subissons au niveau international : nous devons protéger l'avenir de notre activité.

Il est, de plus, fondamental de préserver notre R&D. Nous avons présenté des projets dans le cadre du grand emprunt pour bénéficier d'un soutien public au moment où les marchés redémarrent. Si j'ai le choix entre ne rien produire ou produire à Singapour en conservant la R&D en France, je préfère naturellement la seconde voie !

Je rappelle que le marché de l'avionique s'exprime en dollars et que l'évolution du taux de change euro-dollar nous frappe de plein fouet.

Quant au FMS de l'A400M, qui est développé à Toulouse, il ne concerne pas l'établissement du Haillan. C'est ce système qui a connu de grandes difficultés. Nous avons maintenant franchi le jalon de l'IOC (Initial Operating Capability), qui permet à l'avion d'avoir toutes ses caractéristiques de vol dans un environnement civil, et sommes confiants pour la suite, même s'il reste encore des fonctions militaires très complexes à développer.

S'agissant des drones, nous sommes membres du cluster « drones » aquitain AETOS, qui est piloté par la région et Thales et associe des PME innovantes pour aboutir à des débouchés civils, notamment sur les petits modèles. Nous jouons là un rôle « citoyen » de support au tissu économique local, dans une région qui sait entretenir les relations entre ses grands donneurs d'ordre et ses PME. Il n'existe pas pour le moment de grands drones civils. Par contre les drones tactiques – je pense aux Watchkeeper britanniques –, de plusieurs centaines de kilos et disposant d'une autonomie de vol d'une vingtaine d'heures, pourraient avoir une application duale, pour la surveillance des zones de pêche par exemple. Leur principal avantage par rapport aux avions pilotés est l'endurance : ils permettent d'éviter de demander à des équipages de rester de longues heures sur zone. Cela dit, il est probable que le premier marché des drones restera encore longtemps la défense.

Le risque de créer des concurrents à l'étranger à la suite d'opérations de localisation d'activités sur place est bien réel : c'est la raison pour laquelle nous essayons d'avoir le contrôle des sociétés concernées ou au moins le management. Quand ce n'est pas possible, nous nous efforçons de garder des verrous technologiques. Tout est affaire de circonstances : plus on nous ouvre de marchés, avec des retours économiques importants pour la France, plus nous sommes ouverts à faire des concessions. Notre filiale TDA a par exemple vendu la licence de son mortier rayé de 120 millimètres à plusieurs pays, notamment au Japon et aux États-Unis, et le flux des royalties permet de financer les bureaux d'études travaillant sur les produits de nouvelle génération. Plus généralement, les transferts de technologie peuvent être une bonne affaire, y compris sur le long terme, s'ils sont bien gérés.

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