Étant moi-même ancien maire d'une commune rurale dotée d'un CPI, un centre de première intervention, étant conseiller général d'un canton rural doté d'un centre de secours principal modernisé, étant administrateur du SDIS de la Somme depuis de nombreuses années, j'ai eu l'occasion de mesurer, durant mes trente années de vie publique, l'extraordinaire importance de la présence des pompiers volontaires dans les territoires ruraux. La protection de nos concitoyens y repose depuis toujours sur la base du volontariat, c'est-à-dire sur le courage, la disponibilité, la proximité et l'engagement de citoyens au service d'autres citoyens.
Pouvons-nous, en 2011, répondre au défi que nous lance le concept de volontariat ? Nous le devons, et d'abord en commençant par voter l'article 1er. Gardons à l'esprit la devise des sapeurs-pompiers : « Courage et dévouement. » Elle est chargée d'histoire et de symboles. Elle traduit parfaitement l'esprit des sapeurs-pompiers volontaires, qui veillent sur nous chaque jour, et qui attendent qu'à notre tour, par notre vote, nous les protégions, en protégeant leur statut, leur spécificité et leur engagement, qui se fait dans des conditions qui leur sont propres, comme l'a très bien dit l'article 1er.
Si les sapeurs-pompiers volontaires représentent 80 % des effectifs de ce corps sur le plan national, ils représentent presque toujours 100 % de l'effectif dans les zones rurales. Cela signifie que la défense de ces territoires et le secours des habitants qui y résident reposent sur la solidarité nationale par le seul dévouement, la disponibilité et la proximité de nos compatriotes sapeurs-pompiers volontaires.
Cette disponibilité permanente, cette astreinte, comme on dit dans le jargon des sapeurs-pompiers, est aujourd'hui confrontée, nous l'avons bien compris, à la révision de la directive européenne sur le temps de travail, laquelle définit notamment l'obligation de repos quotidien pour les sapeurs-pompiers.
L'obligation de professionnaliser les sapeurs-pompiers volontaires qui résulterait d'une adoption inconsidérée d'un texte européen sans prendre en compte la spécificité française aurait d'abord des conséquences financières, certes, mais entraînerait surtout la perte de cette immense richesse humaine que représente le volontariat, grande école de citoyenneté qui nous reste dans la République.
La réalité, mes chers collègues, c'est que l'activité de sapeur-pompier volontaire n'est pas une activité professionnelle, comme le précise explicitement l'article 1er. Je tiens, à cet égard, à rendre hommage au travail ingénieux de notre collègue Pierre Morel-A-L'Huissier, ce qui ne nous étonne pas de sa part. La spécificité du volontariat nécessitait cette inventivité dont il a fait preuve, comme il est toujours capable de le faire.
Je pense que nous ferons du bon travail en rendant aux 197 000 hommes et femmes sapeurs-pompiers volontaires le témoignage de la solidarité nationale. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)