L'État a initié la mise en place d'un parc naturel marin des Pertuis charentais et de l'estuaire de la Gironde. Cette démarche, qui consiste à favoriser la protection des milieux sensibles, est l'exemple même d'une bonne idée mal appliquée. En effet, sur ce territoire, loin de simplifier les choses, elle les complexifie. Il s'agit d'une « usine à gaz » qui s'étend de la Vendée aux portes de Bordeaux alors que les problématiques sont diverses, les collectivités et les élus multiples, les départements et les régions différentes, les administrations pléthoriques. De plus, le parc marin a compétence sur deux sites dont les enjeux écologiques sont différents : les Pertuis de Bordeaux Océan et l'estuaire de la Gironde.
Plus grave, le parc est en concurrence avec le syndicat mixte pour le développement durable de l'estuaire de la Gironde (SMIDDEST) créé par la Gironde et la Charente-Maritime – lequel porte un programme leader – ainsi qu'avec le schéma de gestion et de protection des eaux de la Gironde, alors que les enjeux sont souvent identiques.
Par ailleurs, le périmètre du parc marin s'arrête arbitrairement au Bec d'Ambès, aux portes de Bordeaux, alors que celui du SAGE Estuaire englobe la zone qui s'étend de Bordeaux à Villenave d'Ornon. Quand je vous aurai dit que la région Aquitaine a voté le principe d'un parc naturel régional sur la rive gauche de l'estuaire Le Médoc, vous aurez compris que si personne ne met de l'ordre dans une telle cacophonie, l'énergie des agents, des collectivités et des élus sera inéluctablement et exclusivement consacrée à se combattre plutôt qu'à construire.
Les côtes françaises en général et l'estuaire de la Gironde en particulier ont subi trois tempêtes importantes depuis 1999. Il est donc plus que nécessaire et urgent de renforcer les digues de protection car si rien n'est fait, nous aurons à déplorer des morts lors de la prochaine tempête dont la probabilité, malheureusement, est élevée dans le contexte climatique que nous connaissons. Le préfet nous a dit que le confortement des digues passe par un plan d'aménagement pour la protection contre les inondations (PAPI). Le SMIDDEST s'est positionné pour l'appel d'offres du Gouvernement et a fait réaliser un modèle, le « référentiel inondation Gironde » - il a coûté 700 000 euros - permettant de modéliser la hauteur des digues et les zones d'expansion des crues. Or, une rumeur fantasmagorique relayée par le Net a parcouru les rives de l'estuaire selon laquelle les marais de Charente-Maritime seraient inondés pour protéger Bordeaux. Le conseil général de Charente-Maritime, présidé par Dominique Busserau, a ainsi voté contre le SAGE Estuaire, qui n'avait strictement rien à voir dans cette affaire. Sans commentaire.
Comptez-vous donc prendre les mesures urgentes qui s'imposent en faveur de la mise en conformité des digues ? Sera-ce dans le cadre de ce fameux PAPI ? Si oui, quelles dispositions envisagez-vous afin de sortir une telle démarche de l'ornière dans laquelle elle est enlisée ?