– L'opposition a organisé une manifestation le 23 février pour appeler à des élections libres et transparentes et pour commémorer les morts de l'indépendance. La manifestation n'était pas violente, mais le gouvernement a craint une « révolution de jasmin » et a déployé des forces policières considérables dans les deux plus grandes villes du pays. Les rassemblements devaient compter 300 participants. 6 ont été arrêtés, 50 personnes seulement ont pu manifester. À l'arrivée de la police nous nous sommes assis pour montrer que notre manifestation était non violente. Nous étions alors des cibles faciles et la manifestation a été réprimée à coups de matraques. Personnellement, j'ai été isolée du groupe et me suis retrouvée seule face à un canon à eau pointé puis actionné dans ma direction.
Le gouvernement est prêt à utiliser la violence pour se maintenir au pouvoir. En 2008, des manifestations qui lui étaient hostiles avaient dégénéré par absence de leadership. Le risque de violence est réel et joue dans l'intérêt du gouvernement. Cette situation est pour moi source de crainte pour mon pays ; j'ai été approchée, trois fois, par des personnes qui m'ont proposé de choisir la voie armée.
Je suis convaincue que des signes d'ouverture, même minimes, pourraient faire baisser la pression et persuader la population que la voie des élections est la voie à suivre.