– J'ai appartenu au Front social démocratique, le plus grand parti de l'opposition et j'ai été membre du conseil municipal de Douala. Quand j'ai annoncé ma candidature à l'élection présidentielle, le 23 octobre, j'ai quitté mon parti, au sein duquel je présidais la commission « stratégie ».
L'opposition n'a en effet rien mis en oeuvre pour changer la donne. La volonté de changement des années 1990 est retombée : depuis vingt ans les positions ne bougent pas ; on s'est enlisé. J'ai constaté que plus l'élection présidentielle s'approchait, moins le parti prenait d'initiatives. Quand il a décidé d'appeler les électeurs à ne pas s'inscrire sur les listes électorales parce qu'il estime que les réformes doivent intervenir avant ces inscriptions, j'ai pris ma décision de le quitter. Ma position est qu'en procédant ainsi, on ne se donne aucune chance de réformer le pays. Seul le nombre peut peser contre la fraude ; il faut donc s'inscrire pour voter.
Ma décision m'a attiré les critiques de certains membres du parti ; cependant, aujourd'hui, le parti a une position de conciliation et voudrait que je revienne. Il tiendra son congrès en avril.
Il faut souligner que sur les douze membres de la commission indépendante chargée des élections, le Président de la République en a nommé dix qui, par ailleurs, siègent à la commission centrale du parti au pouvoir. Cela nuit beaucoup à la crédibilité du système. On comprend que, dans ces conditions, le taux d'inscription sur les listes électorales soit faible. Il suffirait pourtant de quelques mesures pour faire bouger les choses et la France pourrait faire pression pour l'adoption de quelques réformes clés, réalisables rapidement et susceptibles de rendre confiance dans le système : le bulletin unique peut être introduit en quelques mois et il suffirait d'un décret pour modifier la composition de la commission chargée des élections.
L'exemple de la Côte d'Ivoire montre l'importance que peut avoir le système électoral pour désigner un gagnant acceptable par tous. Les mêmes ingrédients de crise sont aujourd'hui présents au Cameroun.