Des embryons, en effet : ce n'est pas du tout la même chose.
Les cellules embryonnaires sont-elles comparables aux cellules souches adultes, voire aux cellules totipotentes ou pluripotentes ? Non. Ces cellules souches adultes offrent des possibilités de pratiquer certaines expérimentations, mais pas d'autres. De plus, toutes les cellules souches pluripotentes induites, ou iPS, subissent un stress majeur qui provoque des dégradations génétiques ; elles ne sont donc pas totalement similaires aux cellules embryonnaires.
Que faire de ces 156 000 embryons qui se trouvent dans des congélateurs ? Faut-il périodiquement « faire le ménage » ? C'est le cas d'ailleurs, puisque l'on pratique régulièrement des destructions. Faut-il donner la possibilité de pratiquer sur eux une certaine forme de recherche ? Je suis très sensible à l'argument selon lequel on se trouve là en présence du début de la vie. C'est vrai, et il s'agit d'une situation exceptionnelle qui ne peut se prolonger. Mais s'il n'y a plus aucun projet parental, si ces embryons n'ont pas été produits à des fins de recherche, si la recherche ne peut se faire autrement qu'en utilisant ces cellules embryonnaires, je ne vois pas pourquoi on s'y opposerait. D'ailleurs, en 2004, nous avions voté une interdiction avec dérogations. Elle a permis de réaliser 177 expérimentations dans nos laboratoires. Les chercheurs disent bien qu'on ne leur a pas opposé de limites pour expérimenter sur les cellules embryonnaires.
Dans ces conditions, et dans une perspective totalement franco-française, entre interdiction avec dérogations ou autorisation avec encadrement, de l'avis unanime des chercheurs, le changement n'est pas nécessaire. Mais il se trouve que la recherche n'est plus franco-française. Des laboratoires de plusieurs pays s'associent pour mener certaines recherches. Or que penser d'un programme de recherche dans un pays où l'on fixe comme cadre général une interdiction ? Pour cette raison, et avec toutes les précautions que j'ai mentionnées – l'absence de projet parental, des limites dans le temps, car je souhaite que, à terme, on n'ait plus besoin de ces cellules embryonnaires – je suis en faveur de la formule d'autorisation avec encadrement.