Au risque de vous surprendre, monsieur Mamère, il y a quelques sujets sur lesquels nous pourrions nous retrouver : ces lois bioéthiques portent effectivement sur des sujets difficiles, importants ; les débats sont parfois passionnels. Ces lois relèvent, vous avez raison, de la politique au sens le plus noble du terme : nous pouvons nous accorder aussi lorsque vous ajoutez que ces sujets relèvent de convictions intimes, fruits de nos parcours philosophiques, religieux, éducatifs, culturels.
Mais notre accord s'arrête là. Je ne reviens que brièvement sur la GPA, car je partage tout à fait les arguments développés à l'instant par Olivier Jardé. Vous dites que la loi protège ; vous me permettrez de vous dire que c'est aussi lorsqu'elle interdit que la loi protège, et lorsqu'elle évite que le corps des femmes ne devienne une marchandise. Je trouve toujours très étonnant que vous appeliez les experts à la rescousse lorsqu'ils vous servent, sans citer d'autres experts d'avis tout à fait opposé – pourtant, ce sont aussi des féministes, et pas des moindres.
À propos de la recherche sur les cellules souches embryonnaires, et du débat qui oppose l'interdiction avec dérogation à l'autorisation encadrée, il y a là plus qu'un symbole. Nous reviendrons sur ce débat ; mais – à un moment où la parole des experts est souvent remise en cause, où l'avis des sachants est sujet à caution, où certains accusent les lobbies d'avoir de plus en plus de pouvoir – il revient aux politiques de jouer pleinement leur rôle et d'assumer leurs responsabilités. Il me semble donc très important que le législateur prenne ses responsabilités et utilise les pouvoirs qui lui sont conférés par le peuple pour mettre en place un encadrement législatif assez strict.
Vous semblez dire que, sur un certain nombre de sujets, la loi est en décalage avec la société actuelle. Mais j'ai l'impression que vous voulez entraîner cette loi vers le moins-disant éthique. Parce que quelque chose est permis ailleurs, il faudrait que ce soit permis en France : voilà un bien curieux principe. Vous semblez vouloir tirer vers le bas les principes sur lesquels il y a pourtant consensus : la dignité, le respect dû au début de la vie et à l'embryon ; ces valeurs sont partagées par un grand nombre de parlementaires ici présents.
Pour toutes ces raisons, les députés du groupe UMP voteront contre cette motion de renvoi en commission. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)