Monsieur le Premier ministre, ces dernières semaines, des voix se sont élevées dans votre majorité pour tenter d'accréditer l'indicible et pour stigmatiser les plus pauvres en les désignant comme coupables d'inactivité, en les assignant à des travaux d'intérêt général comme des délinquants. Votre majorité envisage d'ailleurs de « remettre le couvert », le 8 juin prochain, lors de sa prochaine convention nationale.
Pourtant ces « assistés », ces « cumulards », ces « profiteurs », comme vous les qualifiez, sont des millions de ménages qui souffrent, luttent à temps plein pour survivre et s'usent moralement comme physiquement en recherchant l'emploi et la dignité que votre politique leur refuse.
Je vous concède que, dans notre pays, nous avons un réel problème de valorisation du travail. Comme le montre le dernier rapport du Conseil des prélèvements obligatoires, en France, on gagne plus à hériter, à optimiser fiscalement ou à acheter et revendre de l'immobilier, bref, à être rentier, qu'à travailler pour produire des richesses socialement utiles.
Ainsi les 352 ménages les plus riches de France, qui tirent l'essentiel de leurs revenus des plus-values de cession et dont le revenu minimum s'élevait, en 2009, à 4,229 millions d'euros, bénéficient d'un taux d'imposition réel qui est injurieux tant il est dérisoire : 15 % seulement, alors que le taux supérieur de l'impôt sur le revenu est de 41 %.
Dès lors, monsieur le Premier ministre pourquoi ne regardez-vous pas du côté de ces rentiers de naissance qui ne connaissent pas le travail ? Pourquoi ne pas tenter de les réinsérer socialement en les contraignant à contribuer à hauteur de leurs ressources à la solidarité nationale ? (« Bravo ! » et applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe SRC.)