Dès octobre 2010, j'ai regretté le décalage entre la libération de la croissance, dont vous parlez, et la manière dont se posent les problèmes actuels. Vous raisonnez à partir de la notion de PIB et dans des termes purement financiers, qui sont très éloignés des réalités. Vous assurez ainsi que plus la pauvreté se réduit, plus l'environnement souffre. Est-ce à dire que nous devions cesser de la combattre ? Vous savez comme nous qu'en Afrique, la pauvreté entraîne la déforestation, dont pâtit l'environnement.
Pourquoi ne pas renoncer à des critères qui conduisent à des formules caricaturales, pour penser en termes de développement durable, ce qui vous permettrait de passer du quantitatif au qualitatif ? Il est dommage d'ignorer les nouveaux indicateurs proposés par Stiglitz, et la pensée de la complexité illustrée par Edgar Morin, selon lequel, tandis que le cartésianisme conduit au quantitatif, le qualitatif épouse la réalité des problèmes. Si vous analysez fort bien la pauvreté, c'est justement que vous le faites en termes qualitatifs. Les objectifs du millénaire pour le développement proposent des indicateurs comme le taux de scolarisation et la santé des femmes, qui ne doivent rien au PIB. De même, la notion purement qualitative de droit exclut tout raisonnement fondé sur la croissance.
Compte tenu du régime politique de la Chine, des problèmes sociaux qu'elle rencontre, des difficultés environnementales que connaissent ses villes et, à terme, du vieillissement de sa population, pensez-vous que sa croissance soit durable ?
N'est-il pas inquiétant, quand on connaît l'état des finances des collectivités locales, que le Grenelle 1 ne prévoie de financer que quatre LGV sur vingt avant 2020 ? Avez-vous des propositions pour mettre fin à la catastrophe du fret ferroviaire ? Enfin, le rapport d'information du comité d'évaluation et de contrôle, dont je suis le coauteur avec Alain Gest, constate l'extension du principe de précaution à la santé et se prononce non sur le champ mais sur la procédure.