Je salue l'audace parfois dérangeante du deuxième rapport, intitulé Une ambition pour dix ans, que vous avez remis le 15 octobre 2010 au Président de la République. Dans un chapitre consacré à l'environnement et aux ressources rares, que vous considérez comme un gisement de croissance, vous préconisez des mesures phares en matière d'Europe de l'énergie ou de taxe carbone. Or celles-ci, qui ne pourront être mises en place qu'au niveau européen, sont loin de faire l'unanimité parmi les États membres. Européen passionné, ancien sherpa de François Mitterrand pour les sommets européens et ancien président de la Banque européenne de reconstruction et de développement, comment pensez-vous concilier ambition française et réalité européenne ?
Je souscris pleinement à votre proposition 26 visant à « remettre l'agriculture et les industries agroalimentaires au coeur de la stratégie française de croissance ». En tant que député picard, je suis particulièrement sensible à votre analyse des nouvelles demandes – en matière de santé, de chimie du végétal ou d'énergie – que l'agriculture devra satisfaire, même si sa première mission reste alimentaire. Depuis des années, la Commission européenne considère ce secteur comme une variable d'ajustement, au profit des services et de l'industrie, dans les négociations de l'OMC. C'est une erreur stratégique de tenir l'agriculture pour une activité de second rang, qui pèserait trop lourd dans le budget de l'Union. Malheureusement, l'ambition agricole de la France dépend étroitement de la volonté de ses partenaires européens ; or les négociations sur la réforme de la PAC montrent qu'ils ne partagent pas tous son analyse. Quelle est votre position à cet égard ?
Enfin, vous souhaitez que le principe de précaution soit clarifié, pour qu'il ne devienne pas un facteur d'immobilisme qui bloquerait toute innovation. Quel jugement portez-vous sur l'exploitation du gaz de schiste ?