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Intervention de Yves Durand

Réunion du 18 mai 2011 à 15h00
Débat sur la mise en oeuvre de la révision générale des politiques publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Durand :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je veux vous parler de la grande victime de la RGPP : l'éducation nationale.

En effet, monsieur le ministre, au regard des deux objectifs de la RGPP que vous avez vous-même rappelé, moderniser l'État et faire des économies, l'éducation nationale est bien une grande victime.

Le non-remplacement, ou la suppression, d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite – mesure à laquelle se réduit finalement votre RGPP, disons-le clairement – permet d'économiser 250 millions d'euros. Autrement dit, il s'agit d'une économie infime si on la compare à ce que rapporterait la suppression d'un certain nombre de cadeaux fiscaux faits aux plus riches.

Pour l'éducation nationale, les économies ne sont donc pas au rendez-vous, mais c'est encore moins le cas de la modernisation des services de l'État.

Nous constatons, au contraire, une dégradation sans précédent du système éducatif. Les conséquences de ces évolutions ne sont pas uniquement quantitatives, contrairement à ce que nous assène inlassablement le ministre de l'éducation nationale – il a encore repris cette antienne, lors des questions au Gouvernement cet après-midi. Il nous accuse de ne parler que de moyens. Mais, derrière les moyens, il y a la réalité de l'éducation et la qualité du système éducatif. Permettez-moi de vous en donner quelques exemples.

Un récent rapport de l'OCDE a montré que, depuis que la majorité actuelle est au pouvoir, la France est en recul permanent en termes de taux d'encadrement des élèves par les enseignants. En la matière, notre pays connaît l'un des plus mauvais ratio de l'Europe occidentale, notamment au niveau de l'école élémentaire dont on sait pourtant qu'il s'agit de l'un des cycles scolaires les plus importants pour la réussite des élèves – tous les instituts de recherche l'ont démontré, en particulier l'Institut Montaigne dans un rapport qui fait désormais autorité.

M. le ministre de l'éducation nationale nous répète sans discontinuer qu'il veut défendre l'école maternelle et qu'il y est particulièrement attaché. Malgré cela, il a donné pour consigne aux recteurs d'académie de ne pas comptabiliser les élèves de deux ans scolarisés en école maternelle pour l'ouverture des classes – pour fermer les classes, en revanche, les comptes sont faits différemment ! Or toutes les enquêtes internationales – notamment la récente enquête PISA – ont montré que les pays qui réussissaient en matière éducative étaient ceux qui scolarisaient un grand nombre d'enfants de façon précoce.

Par ailleurs, la suppression de fait de l'école maternelle aura une conséquence claire : la garde des jeunes enfants reviendrait aux collectivités territoriales, en particulier aux communes. Encore un transfert de charges !

Conséquence de la suppression massive des moyens, je citerai enfin le problème qui provoquera sans doute la crise la plus grave dans les années à venir : la formation des maîtres. Elle est aujourd'hui sacrifiée du fait de la suppression des stages, réforme qui permet d'économiser entre cinq et six mille postes.

Cela a deux conséquences. D'abord, on envoie devant les élèves des enseignants qui ne sont armés ni pour assurer leurs tâches ni pour être véritablement les maîtres dans leur classe. Ensuite, nous constatons que, depuis cette réforme, les concours de l'enseignement sont de moins en moins attractifs ; les candidats sont de moins en moins nombreux et les meilleurs étudiants ne se dirigent plus vers l'éducation nationale, qui en a pourtant besoin.

Par vos économies de bouts de chandelle, vous organisez la crise du recrutement de l'éducation nationale pour les dix ans qui viennent. Peut-être est-ce là la plus grave des conséquences de vos choix en matière d'éducation.

Monsieur le ministre, pour l'éducation, votre RGPP est un non-sens ; votre politique de non-remplacement d'un enseignant sur deux partant à la retraite est un non-sens ; votre politique d'économies de bouts de chandelle est un non-sens.

L'éducation est un investissement beaucoup plus qu'un coût. Prenez le temps de calculer le coût de l'échec et du décrochage scolaires ; vous constaterez qu'il va bien au-delà des 250 millions d'économies que vous dégagez en ne remplaçant pas un enseignant sur deux qui part à la retraite ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

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