La lutte contre la vie chère a été le moteur d'impressionnants mouvements sociaux en 2009. Le Conseil interministériel de l'outre-mer en a fait l'un de ses axes prioritaires. Mais, trois ans plus tard, la réalité prend le pas sur les discours. Selon les derniers chiffres de l'INSEE, la hausse des prix à La Réunion a atteint 3 % au cours des douze derniers mois. C'est du jamais vu depuis octobre 2008 ; c'est le pire résultat depuis trente mois.
Ce taux d'inflation élevé est surtout dû aux augmentations de deux postes : les produits pétroliers et les produits alimentaires.
Les premiers ont augmenté de plus de 20 % au cours des douze mois qui viennent de s'écouler. La mesure n° 9 du CIOM visait à réformer le mode de fixation des prix des carburants et les conditions d'approvisionnement. Son application est manifestement insuffisante puisque, pour le consommateur réunionnais, rien n'a véritablement changé : le prix à la pompe continue d'augmenter.
L'évidente corrélation entre l'augmentation du prix des carburants et la hausse de l'inflation devrait pourtant inciter l'État – qui, rappelons-le, a compétence exclusive en la matière – à intervenir auprès des compagnies pétrolières afin que le prix de vente des carburants diminue pour tous les usagers de la route. Il est d'autant plus urgent d'agir que les récentes mesures gouvernementales ont mis à mal le secteur des énergies renouvelables, que le Gouvernement avait pourtant défini comme un secteur prioritaire du développement durable.
Les prix des produits alimentaires, notamment les fruits et légumes, subissent également une forte hausse. Cette évolution nous renvoie aux mesures prévues pour soutenir la production locale et à la question des sources d'approvisionnement. Or le code des marchés publics n'a pas été modifié afin de faciliter l'achat de produits locaux. Quant aux différents dispositifs destinés à favoriser la diversification, ils sont jusqu'à présent restés eux aussi lettre morte.
La lutte contre la cherté de la vie est plus que jamais d'actualité. La nouvelle hausse des prix touche tous les Réunionnais, mais pénalise particulièrement les plus modestes. Leur pouvoir d'achat est d'autant plus malmené que cette poussée inflationniste concerne des prix déjà élevés : à La Réunion, les produits alimentaires sont près de 37 % plus chers qu'en France continentale.
Madame la ministre, au-delà des diagnostics et des déclarations de principe, le Gouvernement va-t-il enfin passer aux actes ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)