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Intervention de François Cornut-Gentille

Réunion du 17 mai 2011 à 21h30
Traité entre la france et le royaume-uni relatif à des installations radiographiques et hydrodynamiques communes — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Cornut-Gentille :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission – que je ne sais plus comment qualifié, tant vous avez été couvert d'éloges flatteurs (Sourires) –, mes chers collègues, je me réjouis également du succès du dernier sommet franco-britannique, qui a effectivement débouché sur deux traités de coopération – l'un d'ordre général, l'autre plus spécifiquement consacré au nucléaire – dont nous discutons.

Ce sommet a ouvert de vastes perspectives et suscité un certain enthousiasme. Mais je n'oublie pas la déception qui a suivi l'ambitieux sommet de Saint-Malo. Aussi souhaiterais-je vous faire part des trois conditions qui me semblent devoir être réunies pour que ces traités puissent tenir toutes leurs promesses.

Premièrement – et je suis un peu perplexe sur ce point –, nous devons avoir le courage d'assumer pleinement le bilatéralisme. On voit bien, en effet, que ces traités provoquent deux types de gêne. Le premier s'exprime sur le mode de la méfiance envers les Britanniques et leur connivence avec les Américains : on craint d'être piégé, de voir l'OTAN se refermer sur nous. Le second, qu'a exprimé Patricia Adam tout à l'heure, concerne nos partenaires européens : faut-il les attendre ? De tels traités ne vont-ils pas créer des difficultés ? Je crois que ces réticences ne sont pas de mise aujourd'hui, car, en réalité, nous n'avons pas vraiment le choix. Force est de constater que, pour des raisons de connivence politique peut-être, mais aussi pour des raisons liées à la situation budgétaire et à la situation internationale, des convergences très fortes existent entre nos deux pays, qui partagent une même culture militaire, et il serait déraisonnable de laisser passer une telle occasion. Certes, il faut être attentif aux réserves émises par certains, mais si nous n'enclenchons pas définitivement une coopération avec nos voisins britanniques, nous risquons d'assister à un décrochage total de la Grande-Bretagne et de la France et, par conséquent, du pilier européen de l'OTAN.

Nous devons, sans états d'âme, exploiter au maximum les possibilités qu'offre cet accord, si minime soit-il. Dès lors, nous devons, sans avoir honte du bilatéralisme, reconnaître qu'il s'agit d'une occasion unique. Si nous ne la saisissons pas, je ne vois pas très bien ce que deviendront le pilier européen de l'OTAN et l'Europe de la défense.

Deuxièmement, il nous faut donner rapidement à cet accord le contenu le plus concret possible. Aujourd'hui, il concerne deux domaines : le nucléaire et les missiles. Il s'agit bien entendu de domaines décisifs, mais, si nous ne parvenons pas à impulser rapidement une dynamique dans d'autres domaines, l'accord restera plus diplomatique que politique. Quels sont ces domaines ? Ils sont connus. Il s'agit des drones, des avions du futur, des satellites de communication et des ravitailleurs. Sur ces sujets-là, nous aurons peut-être plus de mal à avancer que dans le secteur du nucléaire, où nous avons des économies communes à faire, ou celui des missiles, où un industriel français occupe une place importante.

Dans les autres domaines, nous devrons être imaginatifs, car il nous faudra réorienter notre organisation industrielle. De même, si nous voulons aller plus loin dans la mutualisation des forces, dans le partage, dans les complémentarités, nous ne pourrons pas nous contenter de l'existant : nous devrons bousculer un certain nombre de structures. C'est tout l'intérêt de l'accord que de permettre d'aller plus loin dans ces domaines – c'est possible, mais cela reste à faire.

La troisième orientation qui me paraît importante pour faire vivre pleinement cet accord est de faire en sorte d'assurer un suivi politique très fort. De nombreux groupes de travail, composés de personnalités très compétentes, ont été mis en place. Cependant, ce ne sont pas ces groupes qui feront des propositions novatrices en matière industrielle ou d'utilisation des forces : les propositions ne peuvent provenir que d'une commande politique.

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