Faute d'obtenir son soutien, nous remettons notre destin et celui des Libyens entre les mains de l'OTAN dont notre allié américain – faut-il le rappeler ? – se désengage. Autre exemple, les coopérations structurées permanentes prévues par le traité de Lisbonne n'ont suscité, jusqu'à présent, aucune attention de la part de la France ; n'est-ce pas pourtant le seul instrument dont dispose l'Europe de la défense pour devenir un jour crédible ?
J'entends bien les partisans d'un rapprochement franco-britannique affirmer que nos accords restent ouverts aux États européens qui souhaiteraient s'y associer. On pourra toujours spéculer sur les intentions supposées de nos partenaires. Si telles étaient celles des Britanniques, pourquoi n'avons-nous pas conclu avec eux un accord de coopération renforcée dans le cadre du traité de Lisbonne ? Je crois que nous n'avons pas bien mesuré la portée de nos accords. En revanche, les Britanniques, eux, ne s'y sont pas trompés. Je citerai simplement le ministre britannique de la défense, Liam Fox : « Il ne s'agit en aucun cas d'accroître les capacités militaires de l'Union européenne. »
Je terminerai par une dernière observation. La France a réintégré le commandement militaire de l'OTAN en faisant le pari, qui me semble aujourd'hui perdu d'avance, qu'elle en tirera des contreparties. Cela ne se vérifie malheureusement pas actuellement. L'argument consistait à dire qu'en assumant pleinement notre rôle d'allié, ce que nous faisions déjà en termes budgétaire et d'engagement de nos forces, nous parviendrions à lever la défiance que nos partenaires conçoivent à l'égard de la défense européenne. En réalité, nous n'avons pas levé le veto britannique à la création d'une cellule de planification militaire permanente à Bruxelles, comme on nous le promettait.