La recherche est permise sur l'être humain à tous les stades de son développement : sur le foetus, sur le nouveau-né, sur l'enfant, sur l'adulte, et même sur les tissus prélevés après le décès, dans des conditions de dignité jugées acceptables par tous. Il serait étrange que seul l'embryon soit laissé à l'écart de cette possibilité de recherche, que sa finalité soit cognitive ou thérapeutique.
Une interdiction complète serait de l'obscurantisme. Elle me paraît de toute façon impossible, vu le nombre de recherches biologiques ayant recours aux cellules souches dans le monde. Cela obligerait les chercheurs concernés à quitter la France pour poursuivre leurs travaux dans d'autres pays.
Quant à une interdiction avec dérogation, une telle formule serait fort hypocrite. Elle pouvait se justifier pendant un certain temps, mais on sait désormais qu'avec un encadrement correct, il n'y a aucun risque de dérive. Ayons donc le courage, comme nous y incitent les sénateurs, de passer à l'autorisation encadrée.
Les arguments présentés en faveur de l'interdiction me semblent en outre bien étranges. C'est bien parce que les connaissances et les progrès thérapeutiques sur l'embryon n'en sont qu'à leurs débuts qu'on a besoin de recherches ! D'ailleurs, la thérapeutique s'applique d'ores et déjà aux premières phases du foetus. Pourquoi en resterait-on là ?
Par ailleurs, il est faux de dire qu'il existe des méthodes alternatives : toutes les études actuelles tendent au contraire à montrer que, malgré leur proximité lexicale, les cellules souches embryonnaires n'ont rien à voir avec les autres cellules souches.
Enfin, la recherche se justifie par la fréquence des pathologies chez les enfants nés de fécondations in vitro. Les cas d'autisme y sont, par exemple, dix fois plus nombreux que chez les autres enfants. Il convient de donner les mêmes chances à tous.