Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, nous le savons tous et les sondages successifs le confirment, l'emploi est la priorité numéro un des Français.
Dans les quartiers bénéficiant de la politique de la ville, ce problème est encore plus aigu, puisque le taux de chômage y est deux fois plus élevé que la moyenne nationale. On constate aussi qu'il frappe particulièrement, avec des taux qui avoisinent 50 % dans certains quartiers où la précarité est particulièrement marquée, trois types de demandeurs d'emploi : les jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans, les femmes chef de famille monoparentale et les demandeurs d'emploi de longue durée de plus de cinquante ans. La crise, en frappant d'abord l'intérim et les emplois les plus accessibles, notamment dans la production et le BTP, n'a fait qu'aggraver la situation.
Dans ce contexte, la déclaration récente du ministre des affaires européennes, Laurent Wauquiez, n'en est que plus scandaleuse, au point qu'elle est dénoncée par certains de ses amis. La grande majorité des bénéficiaires du RSA ainsi stigmatisés, ne demande qu'à travailler. Dans ses propos, le ministre a d'ailleurs ajouté une discrimination en jugeant que les étrangers n'ayant pas travaillé au moins cinq ans en France ne devraient pas avoir droit aux prestations sociales.
Le véritable cancer, monsieur le ministre, c'est le chômage indécent dans ces quartiers ; ce sont les 160 000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans diplôme ni formation qualifiante, dont la grande majorité est à la recherche d'un emploi. Ces jeunes envoient des CV mais ne reçoivent pas de réponse, leur nom et leur adresse servant de repoussoir. Comment voulez-vous, monsieur le ministre, qu'il en soit autrement pour un jeune demandeur d'emploi ayant de l'énergie mais pas de réseau relationnel, une motivation forte mais peu de qualification et habitant dans les quartiers sud de Grenoble, stigmatisés à grand renfort de coups médiatiques par le Président de la République l'été dernier ? Il est « plombé » d'avance par une discrimination encouragée au plus haut niveau de la République.