Monsieur le président, monsieur le ministre de la ville, monsieur le président de la commission des affaires économiques, beaucoup d'entre vous, je le sais, mes chers collègues, sont particulièrement préoccupés par les problématiques auxquelles tente de répondre la proposition de loi qui vous est soumise aujourd'hui. II n'y a pas de surprise et nous faisons tous le même constat dans nos communes, nous sommes tous quotidiennement confrontés aux mêmes difficultés et, globalement, nous évoquons tous les mêmes solutions pour les résoudre.
Quand on discute de politique de la ville dans cet hémicycle, on retrouve généralement les mêmes, ce qui est déjà symptomatique de la principale carence de cette politique : le combat des élus de banlieue n'intéresse trop souvent que les seuls élus de banlieue ! On comprend mieux, alors, que nos collègues ne prennent pas toujours véritablement conscience de la réalité de nos quartiers et que l'ensemble des Français ne perçoivent pas l'enjeu des banlieues comme un enjeu de société. Plus grave, et j'y reviendrai, on comprend mieux que l'ensemble des grands ministères de la République – l'emploi, l'éducation, le logement, la culture – n'aient pas, en quarante ans, développé de véritables politiques spécifiques de droit commun renforcé dans les quartiers.
À l'évidence, monsieur le ministre, et sans vouloir vous offenser, vous êtes bien isolé aujourd'hui sur le banc des ministres pour discuter d'un sujet qui non seulement concerne l'ensemble de notre société, mais qui devrait être également la préoccupation de chacun des grands ministères de votre gouvernement.
Avant de développer les principales mesures de cette proposition de loi, je souhaite dire qu'elle est le fruit de l'expérience et du travail réalisés dans nos territoires avec les services de la ville, ceux de l'État, les préfets, les services publics, les maisons de quartier, les équipes enseignantes et éducatives, les polices municipale et nationale, les éducateurs sociaux, les associations, les procureurs, les habitants. C'est l'ensemble de ces acteurs qui motivent, par leur travail quotidien, l'existence de cette proposition de loi. Elle est également le fruit de la réflexion des réseaux de professionnels, des entreprises, des opérateurs publics que nous avons auditionnés, des élus et notamment de l'Association des villes et banlieues de France dont je suis vice-président, du Conseil national des villes qui se réunit justement aujourd'hui et demain à Sarcelles en assemblée générale, à l'occasion de laquelle, monsieur le ministre, nous aurons le plaisir de vous accueillir.