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Intervention de Pierre Méhaignerie

Réunion du 12 mai 2011 à 09:
Débat sur la formation et l'emploi des jeunes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Méhaignerie :

Améliorer l'insertion professionnelle des jeunes est donc un objectif largement partagé. La question qui peut nous diviser est : « comment y parvenir ? »

J'ai un peu étudié le problème des emplois d'avenir, et je les ai testés dans un bassin d'emploi. Sur une communauté d'agglomération de 65 000 habitants, on compte 300 emplois jeunes. Je mesure une grande résistance des collectivités locales, parce qu'il existe une usure, et que les chefs de service préfèrent aujourd'hui la voie de l'apprentissage pour encadrer. Enfin, les emplois dans le cadre du service civique attirent beaucoup plus les collectivités locales, parce que le niveau de compétence est plus élevé ou la motivation est plus forte. Je pense donc que la réussite de cette opération est très contestable.

L'autre solution est le développement de l'alternance et de l'apprentissage, et j'y crois plus, comme Gérard Cherpion. Mais comment supprimer les blocages ? Vous en avez cité un, la simplification. Certes, il y a des efforts à réaliser, mais les orientations sont prévues. Deux autres blocages existent : celui des familles et celui des enseignants. Ces blocages sont justifiés, car on se demande si l'on ne risque pas de bloquer l'avenir d'un jeune en l'orientant trop tôt vers l'apprentissage.

Il importe donc de créer des ponts entre l'apprentissage et les apprentis d'une part, et les universités d'autre part. Ainsi, un jeune qui a suivi la voie de l'apprentissage aura toujours la possibilité, plus tard, d'aller à l'université, ou dans une école. Monsieur le ministre, est-il possible de voir quelques universités ou écoles d'ingénieurs préparer des ponts avec l'apprentissage de façon à donner des perspectives aux jeunes qui s'y engageront ?

En tant que président du conseil général d'Ille-et-Vilaine, je voulais partager avec vous une expérience : nous avons regroupé les centres de formation d'apprentis dans un ensemble situé au milieu de l'université, que nous avons appelé « faculté des métiers ». La situation est devenue totalement différente, parce qu'un jeune a besoin de considération et de perspectives. Comment créer ces ponts ?

Je vous livre en même temps ma deuxième réflexion : comment trouver des maîtres de stage ? Mme Buffet vient d'en parler. Il existe un levier puissant à développer, monsieur le ministre. Lorsque nous avons réformé les retraites, nous avons créé un fonds de mutualisation de vingt millions d'euros. Dans l'agroalimentaire ou des métiers pénibles, lorsqu'un salarié arrive à cinquante-sept ou cinquante-huit ans, il peut très bien devenir tuteur. Existe-t-il une possibilité de cofinancement entre l'entreprise et le fonds de mutualisation, permettant à ces salariés, dans des métiers difficiles, de pouvoir passer à mi-temps ou devenir des tuteurs dans l'entreprise ? Je suis sûr qu'il y a là un levier pour surmonter les blocages des entreprises.

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