Monsieur le président, monsieur le ministre, le sous-emploi chronique des jeunes est un véritable drame pour la cohésion sociale de notre pays. Comment expliquer aux 600 000 jeunes demandeurs d'emploi que la société est incapable de les intégrer au marché du travail, quel que soit leur niveau de qualification ?
Vous allez une nouvelle fois invoquer la crise, du reste vous l'avez fait dans votre intervention liminaire. Elle est réelle, certes, mais la crise n'explique pas tout. Vous allez brandir votre parade magique : l'apprentissage. Bien sûr, il s'agit d'un bon outil pour intégrer le milieu professionnel et nous vous suivons sur ce point même si l'on peut s'étonner que vous n'ayez découvert ce dispositif fort ancien que bien après le début de la crise.
Les mesures que vous avez prises ne produiront pas d'effets à court terme sur le volume des emplois offerts aux jeunes. Vous le savez mais, à défaut d'autres solutions, vous laissez miroiter des jours meilleurs, pour plus tard. En attendant, que fait-on pour ces 600 000 jeunes ? Pas grand-chose à vrai dire.
Eh bien, oui, monsieur le ministre, nous avons des propositions que vous êtes enclin à railler dans l'hémicycle plus, sans doute, que dans cette salle où le ton est plus courtois. Nous avons de vraies propositions sur l'alternance – on vient de le constater –, sur les décrocheurs, sur le plus grand respect des stagiaires, sur un recours moins systématique aux CDD, autant de dispositifs de nature à améliorer la situation pour les jeunes.
C'est dès à présent qu'il convient d'adresser un signe fort à la jeunesse. Cela passe par la création rapide de ces emplois d'avenir à temps plein, payés au SMIC et pour cinq ans ; je vous apporte la précision que vous avez souhaitée. Ces emplois concernent certes le secteur non marchand, mais nous voulons qu'en soient créés également dans le secteur marchand, car nous avons bien conscience que les deux secteurs doivent marcher de pair. Ces emplois s'inscrivent dans l'esprit des emplois jeunes qui, ne vous en déplaise, ont eu une utilité sociale en leur temps et ont permis à des jeunes d'espérer et, pour beaucoup, d'intégrer le monde du travail après cette expérience.
Les emplois en question seront utiles notamment dans le diagnostic énergétique du patrimoine de l'immobilier, dans le sillage du Grenelle de l'environnement. Une grande partie d'entre eux pourra être attribuée aux jeunes des zones urbaines sensibles, touchées par les problèmes réels que l'on sait. Ils seront financés par l'État qui réalisera par ailleurs des économies grâce à la suppression des exonérations de charges sociales pour les heures supplémentaires, soit plus de 3,5 milliards d'euros quand la création de ces emplois coûtera 3 milliards d'euros.
Ces propositions ne sont pas les vôtres, monsieur le ministre. Vous les raillez parfois un peu trop fortement mais elles sont précises, chiffrées et de nature à donner un véritable souffle à l'emploi des jeunes. Les chiffres mensuels – malgré ceux, bons, que vous venez de citer concernant la Haute-Garonne – sont implacables pour illustrer l'ampleur de votre échec.
Monsieur le ministre, quand allez-vous mettre en place une politique ambitieuse pour l'emploi des jeunes ?