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Intervention de Xavier Bertrand

Réunion du 12 mai 2011 à 09:
Débat sur la formation et l'emploi des jeunes

Xavier Bertrand, ministre du travail, de l'emploi et de la santé :

Monsieur le président, mesdames, messieurs les députés, monsieur Vidalies, si nous nous trouvons dans la dernière ligne droite menant à l'élection présidentielle et que le temps approche de la confrontation des projets, je garde, en tant que ministre du Gouvernement, une obligation de résultats à moyen et long terme : faire reculer le chômage, celui des jeunes en particulier.

Je rappelle nos deux priorités constantes : les chômeurs de longue durée et le chômage des jeunes auquel nous allons consacrer ce débat. Il s'agit des deux catégories les plus fragiles car les plus touchées par la crise.

En ce qui concerne les chiffres, je ne pense pas que droite et gauche puissent se donner mutuellement des leçons. J'ai bien conscience que nous sommes au pouvoir depuis 2002 et que nous connaissons toujours une situation difficile. En 2010, le taux d'emploi des jeunes de quinze à vingt-neuf ans était inférieur en France à la moyenne de l'Union européenne de 1,2 point. Il atteignait en effet 46,6 % en France contre 47,8 % dans l'Union européenne. Ce taux est bien plus élevé dans certains pays comme l'Allemagne, le Royaume-Uni – que personne ici, j'en suis sûr, ne voudra ériger en exemple –, les Pays-Bas ou le Danemark, le Danemark d'hier. La France se situe donc dans la moyenne à l'exception de l'Allemagne, pour citer un pays auquel nous nous référons plus volontiers.

Les jeunes de quinze à vingt-quatre ans sont peu présents sur le marché du travail en France à cause d'une formation initiale assez longue et parce qu'une faible proportion de jeunes travaillent pendant leurs études. Le taux d'emploi pour eux est de 30,8 % contre 34,1 % pour l'Union européenne.

Le chômage des jeunes, qui atteint 22,3 % et, dans certains quartiers, 25 % voire 40 % – le maire de Saint-Quentin que je suis le sait bien –, n'est pas seulement une réalité statistique mais bien une réalité humaine. On a beaucoup parlé de fracture sociale, ces dernières années ; tâchons de faire en sorte que ne se développe pas une fracture générationnelle.

De nombreux discours évoquent les jeunes sans que soit concrètement défini, à ce jour, le meilleur moyen pour eux de s'en sortir afin d'obtenir un premier emploi et un premier logement. Nous en reparlerons sans doute au cours de ce débat.

En attendant, je ne pense pas que l'avenir des jeunes passe par le développement de l'emploi public payé avec de l'argent public que personne n'a. Si cet argent existait, les emplois-tremplin, dont il a beaucoup été question à l'échelon régional pendant des années, auraient été multipliés ; or les promesses en la matière n'ont pas été tenues. Nous savons bien que tout gouvernement devra faire face à une équation fort simple : il faudra baisser les déficits donc s'intéresser aux dépenses – qu'il s'agisse de celles de l'État, de la protection sociales ou des collectivités locales – et, dans le même temps, améliorer la compétitivité des entreprises en diminuant le coût du travail.

L'avenir des jeunes passe avant tout par l'entreprise, choix que j'assume. Nous avons eu l'occasion d'en débattre à la télévision, monsieur Vidalies. Je sais que, selon vous, les deux sont possibles mais il faut afficher une priorité. La vôtre, ce sont les emplois jeunes dont j'aimerais du reste connaître la durée ; j'ai en effet entendu parler de cinq ans alors qu'un autre leader de votre parti a évoqué trois ans. Je crois, pour ma part, en priorité, à la formation en alternance. Je ne crois pas en l'alternance en soi ; je le précise parce que je sais que vous êtes malicieux et que vous pourriez reprendre le mot au vol. Je crois donc à l'apprentissage et au contrat de professionnalisation.

Vous avez ensuite évoqué le tutorat, mais quelle réalité recouvre-t-il selon vous ? S'agit-il du fameux contrat générationnel défendu notamment par l'un de vos leaders ? Je décèle une erreur de fond dans ce dispositif particulièrement coûteux : si vous voulez maintenir des salariés âgés en activité, il est plus intéressant de réduire leur charge de travail que de diminuer les charges sociales pour l'employeur. Si vous voulez garder des salariés âgés au sein de l'entreprise, il est plus intelligent de développer le temps partiel en fin d'activité que de donner à l'entreprise un avantage qui coûtera cher compte tenu du salaire et du niveau des charges. Mon propos n'est bien entendu pas destiné à vous inciter à critiquer le leader auquel je fais allusion.

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