Monsieur le président, monsieur le ministre du travail, de l'emploi et de la santé, mes chers collègues, 660 000 jeunes de moins de vingt-cinq ans sont aujourd'hui au chômage. S'ajoute à ce chiffre le profond déclassement que subissent les jeunes. Aujourd'hui, une jeune femme sur trois et un jeune homme sur cinq acceptent un emploi en dessous de leur qualification.
En 1975, alors que les salariés âgés de cinquante ans gagnaient en moyenne 15 % de plus que les salariés âgés de trente ans, l'écart est aujourd'hui de 40 %. Selon l'OCDE, un jeune de France met entre huit et onze ans pour entrer durablement sur le marché de l'emploi, contre trois à cinq ans dans les autres pays membres.
Pourtant, le 18 mars 2007, lors de la campagne présidentielle, dans le cadre d'un grand discours sur la jeunesse, Nicolas Sarkozy, qui citait alors Baudelaire, Rimbaud, Martin Luther King ou encore Jean-Paul II et son célèbre « N'ayez pas peur », exhortait la jeunesse à faire de grands rêves et à voir la France en grand. Monsieur le ministre, la campagne s'est terminée et la jeunesse souffre depuis quatre ans de votre peu d'ambition pour l'emploi des jeunes.
Au cours de notre débat, vous aurez beau jeu de rappeler que l'emploi des jeunes est en augmentation et que cela est synonyme d'espoir. Si le chômage est en baisse, il reste néanmoins à un niveau bien trop élevé. Surtout, une étude approfondie montre que votre politique plonge la jeunesse dans une grande précarité. Que dire de l'explosion, cette année, des catégories B et C chez les jeunes de moins de vingt-cinq ans, soit une augmentation de 4,8 %.
Inutile, je pense, de vous rappeler les mouvements de la jeunesse contre certains projets de la droite : le SMIC jeunes, le CIP du gouvernement Balladur, ou encore le CPE du gouvernement Villepin. À ce titre, vous qui critiquez tant les emplois-jeunes ou les emplois d'avenir, vous n'avez jamais vu de manifestation des jeunes contre les emplois-jeunes. Les jeunes, eux, ne s'y sont pas trompés.
S'agissant des emplois d'avenir que nous proposons aujourd'hui, vous tentez, depuis des semaines, de leur opposer l'apprentissage. Pour vous, c'est soit l'un, soit l'autre. Monsieur le ministre, la jeunesse mérite beaucoup plus d'ambition que cela. Ce n'est pas l'apprentissage dans le secteur marchand ou les emplois d'avenir dans le secteur non marchand, c'est l'apprentissage et les emplois d'avenir.
Nous, socialistes, à défaut de faire de grands rêves, nous avons élaboré un grand plan pour l'emploi des jeunes qui comporte dix propositions et qui sera le coeur de notre politique en 2012 si nous obtenons la confiance des Français.
Dans l'urgence, et pour répondre à la gravité de la situation, nous créerons 300 000 emplois d'avenir, dont 150 000 dès l'été 2012. Il s'agira d'emplois à plein-temps pour une durée maximale de cinq ans et un salaire correspondant au minimum au SMIC, financé à 75 % par l'État. En particulier 150 000 de ces emplois d'avenir seront créés dans le secteur du développement durable et un nombre élevé de ces emplois d'avenir interviendra dans des territoires défavorisés, notamment dans les zones urbaines sensibles à hauteur de 150 000 emplois.
Nous mettrons également en place des dispositifs pour améliorer l'insertion professionnelle des jeunes. Nous proposons ainsi de développer toutes les formes d'alternance. Encore faut-il être conscient que l'alternance est souvent aussi dépendante de la situation économique. Il suffit de comparer le nombre de contrats d'apprentissage ou de professionnalisation entre les années 2008 et 2010.
Nous sommes très attachés à l'alternance. Il suffit d'ailleurs de voir l'engagement irréprochable des régions socialistes dans ce domaine. Dans chacune, il s'agit du premier poste budgétaire, représentant au moins 30 % du budget régional.
Nous mettrons en place un service public de proximité de l'information et de l'orientation tout au long de la vie, permettant d'ouvrir à tout jeune, qu'il soit scolarisé ou actif, l'éventail des choix. Nous généraliserons la pratique du CV anonyme.
Nous souhaitons prendre à bras-le-corps l'une des questions qui nous apparaît prioritaire, celle des jeunes décrocheurs, en leur offrant une nouvelle chance. Les 150 000 jeunes décrocheurs qui sortent chaque année du système scolaire sans emploi ni formation pourraient être affiliés à un pôle public. Ce pôle bénéficiera à la fois de la reconnaissance du rôle fondamental des missions locales, mais également d'un renforcement de ses moyens et d'un élargissement de ses compétences.
Nous mettrons en place des tutorats dans une logique de transmission des savoirs où les seniors permettront aux jeunes décrocheurs de mieux s'insérer dans l'entreprise.
Nous apporterons enfin une réponse forte à la précarité que vos politiques font subir à la jeunesse.
Les stages feront l'objet d'un strict encadrement. Vous aviez pris des engagements, mais force est de constater que le décret a finalement remis en cause les engagements prévus par la loi en ce sens.
Nous voulons également apporter une réponse aux jeunes de moins vingt-cinq ans en fin de droits et qui, aujourd'hui, n'ont pas accès au RSA. Nous pensons aussi qu'ils ont besoin de cette réponse.
Enfin, nous proposons la mise en place d'une allocation d'études.
Monsieur le ministre, il s'agit d'un plan précis, financé notamment par la suppression de l'encouragement aux heures supplémentaires. La mise en place de ce plan précis et déterminé sera pour nous une priorité.